Mon expérience de cette pandémie m’a rappelé mes sept années passées dans des camps de réfugiés et des pays du Sud appauvris, où je n’ai pourtant pas connu la malaria, la tuberculose, le SIDA ou l’Ebola. Ma famille n’a jamais fait face à la mortalité maternelle ou infantile en sachant que des traitements sont disponibles mais hors de portée.
Mon expérience de distanciation de mes proches n’a pas été grave. Bien sûr, je ne vis pas dans un appartement minuscule et je n’ai pas de souci d’accès à l’eau potable, à la nourriture et à des installations sanitaires. Mes amis latino-américains me demandaient comment je vivais l’isolement dans mon « Disneyland » privilégié.
On constate les liens entre le coronavirus et l’effondrement climatique : les deux menacent la vie humaine silencieusement et sérieusement, en préférant les pauvres d’ici et d’ailleurs. C’est la définition de l’écologie intégrale du pape François : « tout est lié » (Laudato SI’, nos 91 et 117).
Pour souligner le cinquième anniversaire de l’encyclique, le réseau Joint Ecological Ministries, mené par des religieuses, a écrit une lettre au premier ministre Trudeau énonçant six attentes : mettre fin aux subventions fédérales des énergies fossiles; implanter une juste transition pour les travailleurs des industries pétrolières et gazières ; investir pour l’expansion des énergies renouvelables et l’électrification des transports publics ; donner suite aux promesses visant les droits des autochtones, et annuler les dettes des pays les plus pauvres afin de favoriser leurs réponses à la pandémie et à l’urgence climatique. Nous avons recueilli plus de 530 signatures et plus de 70 appuis institutionnels.
Durant cette pandémie, l’Église a en quelque sorte quitté les sanctuaires – peut-être pour devenir un peu plus cet « hôpital de campagne » dont rêve le pape François.
Joe Gunn, Centre Oblat, Ottawa (ON)
Ce texte est extrait du webzine ad vitam de l’été 2020 « Laudato Si’ : Prendre soin de la Création pour les futures générations ».