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18 février 2022

Le silence

Réalisatrice : Renée Blanchar

Année : 2021

Durée : 1 h 48 min

Synopsis

Film

Description détaillée

Mot de la réalisatrice

Générique

Ça tourne productions

L’ONF

Synopsis

Pourquoi taire les choses les plus graves ? Le silence ne contribue-t-il pas à perpétuer la souffrance ? Des années 1950 aux années 1980, des prêtres catholiques ont commis de nombreux abus sexuels sur de jeunes garçons dans plusieurs villages francophones du Nouveau-Brunswick. Mis au grand jour alors que les victimes avaient atteint la cinquantaine, ces scandales ont provoqué effarement et indignation dans les médias et l’opinion publique. Pourquoi les communautés affectées ont-elles si longtemps préféré le secret à la justice et à la vérité ? Profitant de leur influence pour imposer un « silence pieux » à leurs paroissiens, plusieurs figures d’autorité ont construit une véritable structure d’abus qui témoigne tout autant des oppressions propres aux populations acadiennes que du déni systémique de l’Église catholique. Interpellée par la puissance du silence collectif, la cinéaste chevronnée Renée Blanchar cherche à en démêler les causes profondes en allant à la rencontre des survivants. Avec le film Le silence, elle nous amène au plus près de l’humanité de ces hommes brisés, et révèle ce qui unit et désunit, hier comme aujourd’hui, les communautés acadiennes.

Film

Description détaillée

Dans les années 2010 ont éclaté de nombreux scandales d’abus sexuels perpétrés par des prêtres catholiques sur de jeunes garçons dans plusieurs villages francophones du Nouveau-Brunswick. Ces multiples cas, couverts avec effarement et indignation dans les médias, remontaient aux années 1950 et impliquaient jusqu’à trois générations d’Acadiens. Pourquoi a-t-il fallu tant d’années pour que les communautés affectées osent enfin briser le silence ? Comment expliquer que le secret ait été si longtemps préférable à la justice et à la vérité ?

Mises au grand jour alors que les victimes, âgées de six à seize ans à l’époque des faits, avaient atteint la cinquantaine, ces sombres affaires ont fortement ébranlé l’opinion publique. S’ajoutant à la liste des scandales de pédophilie touchant l’Église catholique, au Canada, aux États-Unis ou ailleurs dans le monde, cette tragédie acadienne amène à s’interroger sur les tabous et les traumatismes de ce peuple minoritaire. Protégées par le « silence pieux » de leur paroisse et le déni obstiné de leur institution, des figures d’autorité telles que les pères Camille Léger, à Cap-Pelé, et Lévi Noël, du diocèse de Bathurst, ont profité de leur influence pour agresser et « museler » d’innombrables enfants. Fils de sénateur, frère de médecin, curé, Camille Léger possédait le statut social, le pouvoir et l’argent nécessaires à la construction d’une véritable structure d’abus, où enfants de chœur, scouts, jeunes membres de la fanfare et de l’équipe de hockey locales étaient constamment à sa disposition. Décédé avant les premières accusations, le tyran de Cap-Pelé, à l’instar des autres bourreaux, a en grande partie dû son impunité au fait que les bons paroissiens n’osaient pas « parler contre les prêtres ». Heureusement, plusieurs ont finalement été traduits en justice. Condamné en 2010 à huit ans de prison, Lévi Noël s’est vu imposer la peine la plus lourde prononcée jusqu’alors contre un prêtre pédophile au Canada.

Réalisatrice acadienne chevronnée, Renée Blanchar s’attaque avec sensibilité à ce sujet délicat. Résolument ancrée dans son milieu, elle découvre que son premier documentaire, Vocation ménagère (1996), tourné dans des presbytères, l’a déjà menée à son insu au plus près de cet enjeu. Interpellée par la puissance du silence collectif, elle cherche à en démêler les causes profondes en allant à la rencontre des victimes, dont les confidences témoignent de vies brisées. Ces hommes se sont longtemps tus : par honte, par peur de ne pas être crus, par crainte de détruire leur entourage… ou, simplement, parce que la vérité était trop douloureuse à affronter. Souffrant de graves séquelles psychologiques — anxiété, dépression, isolement social —, ils peuvent aujourd’hui, grâce à leur décision courageuse de dénoncer les responsables, espérer une sorte de justice et un début de guérison.

Dans les dernières années, la parole des victimes d’abus sexuels s’est libérée. Le mouvement #MeToo et les conversations déclenchées par des documentaires tels que Leaving Neverland rendent compte de l’importance de comprendre, d’abord et avant tout, les structures de pouvoir permettant à ces abus de persister. En examinant le déni systémique au sein de l’Église catholique, mais aussi les oppressions propres aux populations acadiennes, Renée Blanchar analyse les racines et les effets du silence qui a étouffé pendant tant d’années des communautés entières du Nouveau-Brunswick. Portée par son amour pour la culture et la société acadiennes, elle enrichit son exploration d’archives troublantes, de magnifiques paysages maritimes et d’une approche très personnelle des protagonistes. À l’image de l’œuvre entière de la cinéaste, Le silence nous amène au plus près de l’humanité de ses personnages et aide à comprendre ce qui unit et désunit, hier comme aujourd’hui, les communautés.

Mot de la réalisatrice

Renée Blanchar, scénariste et réalisatrice | Photo : Julie D’Amour-Léger

Renée Blanchar, scénariste et réalisatrice | Photo : ©Julie D’Amour-Léger

C’est avec appréhension que j’ai entamé, au printemps 2018, la recherche pour Le silence. Toutefois, devant l’importance de faire ce documentaire, mes craintes liées à une pudeur par ailleurs essentielle se sont rapidement dissipées. Je ne crois pas avoir déjà été placée devant un sujet plus exigeant. C’est comme si l’ensemble de mon parcours de cinéaste m’y avait préparée.

Face aux scandales de nature sexuelle qui secouent l’Église catholique, on assiste à une sorte d’emballement médiatique depuis quelques années. Devant cette surenchère de nouvelles à l’égard d’un mal profond que l’Église catholique a tenté d’étouffer, de nier, de camoufler, pourquoi faire un film ? Je réponds que nous l’avons fait parce qu’il offre un espace privilégié de sens, mais aussi parce qu’il propose un point de vue éclairant, voire inédit, sur un drame humain se jouant pratiquement à l’échelle planétaire, dévastateur en Acadie et ailleurs.

Le silence dont on parle ici est parfois assourdissant. Il révèle des dimensions tellement sombres de l’humanité, il nous confronte à une telle cruauté et à un sentiment d’injustice si profond que l’on est tenté de fermer toutes les écoutilles, de passer à côté et de poursuivre son petit bonhomme de chemin. Ce réflexe est légitime, mais est-ce ainsi qu’une société avance ? Je ne crois pas.

Le silence lève le voile sur un sujet éminemment complexe dont on ne peut prétendre avoir fait le tour. Jamais. Partant du principe qu’on ne peut pas tout dire, tout raconter, il faut choisir un parti pris et le défendre. Le mien a été de donner la parole à ces hommes qui se sont avancés pour dénoncer les abus et témoigner de leur enfance brisée. Huit ans plus tard, plusieurs survivants du village de Cap-Pelé, au Nouveau-Brunswick, sont toujours embourbés dans les méandres de procédures judiciaires. Ces victimes survivent dans des limbes silencieux. Notre film leur donne une voix. Enfin.

Face à la fragilité et à la force des survivants, il m’a semblé nécessaire de plonger avec eux — devant la caméra —, non seulement par solidarité, mais parce que je crois que ma réflexion par rapport aux questions éthique, morale et citoyenne, liée à mon propre silence et à mon besoin de le briser, offre une clé au spectateur lui permettant d’entrer dans un récit difficile, mais nécessaire.

Durant le premier cycle de ma vie de cinéaste, je me suis intéressée à l’engagement sous toutes ses formes. Cette quête m’a permis de trouver une place dans le monde. Depuis 2015, je suis entrée dans une nouvelle ère. Par la force des choses, ma relation au temps a changé. Mon rapport au monde aussi. Vingt-cinq ans après la réalisation de Vocation ménagère, mon premier film d’auteure, je réalise que ma fascination pour l’engagement des autres a façonné le mien. Dans cette nouvelle saison cinématographique, je souhaite explorer, à hauteur d’homme, des enjeux qui à bien des égards nous dépassent et face auxquels nous avons parfois le sentiment d’être impuissants. Devant un cynisme grandissant qui s’infiltre de partout, je choisis sans hésitation d’interpeller l’humanité en chacun de nous.

Renée Blanchar
Septembre 2020

Générique

SCÉNARIO – Renée Blanchar
RECHERCHE – Renée Blanchar
RÉALISATION – Renée Blanchar
PARTICIPANTS – Jean-Paul Melanson | Victor Cormier | Lowell Malllais | Doria Mallais | Julie Anne Richard | Bobby Vautour | Ola Cormier | Kenneth Goguen | Joe Anne Leblanc | Dorine Richard | Louise Cormier | Rita Boudreau | Léon Richard | Michel Bastarache | Bernard Richard | Soeur Nuala Kenny | Me Robert Talach | Samuel Savoie | René Villemure | Sian Elias
PRODUCTEUR EXÉCUTIF – Maryse Chapdelaine | Denis McCready
PRODUCTEUR – Maryse Chapdelaine | Christine Aubé
DIRECTEUR PHOTO – Philippe Lavalette
DIRECTEUR DE PRODUCTION – Julie D’Amour Léger
PHOTOGRAPHE DE PLATEAU – Julie D’Amour Léger
PRISE DE SON – Simon Doucet
COORDINATION – Marjolaine Albert
TRANSPORT – Marjolaine Albert
CAMÉRA ADDITIONNELLE – Geoffroy Beauchemin
CAMÉRA AÉRIENNE – Gilles Daigle
PRISE DE SON ADDITIONNELLE – Olivier Léger
COSTUMES – Muriel Albert
HABILLAGE – Muriel Albert
TECHNICIEN DATA WRANGLING – Isabelle Aubin
DATA WRANGLING SUPPLÉMENTAIRE – Digital Cut
COMPTABLE DE PRODUCTION – Lucie Mallet
PRODUCTEUR DÉLÉGUÉ – Geneviève Duguay
ADMINISTRATEUR – Geneviève Duguay
COORDONNATEUR DE PRODUCTION – Audrey Rétho
MONTEUR – Elric Robichon
COORDONNATEUR TECHNIQUE – Daniel Claveau | Jean-François Laprise
SUPPORT TECHNIQUE – Patrick Trahan | Pierre Dupont | Marie-Josée Gourde
COLORISTE – Denis Pilon
MONTEUR DE FINITION – Denis Pilon
EFFETS VISUELS – Mélanie Bouchard
GRAPHISME – Mélanie Bouchard
HABILLAGE GRAPHIQUE – Mélanie Bouchard
CONCEPTION SONORE – Sylvain Bellemare
NARRATION – Renée Blanchar
DIRECTRICE DE PLATEAU – Natalie Hamel-Roy
BRUITEUR – Simon Meilleur
ENREGISTREMENT DE LA NARRATION – Geoffrey Mitchell
ENREGISTREMENT DU BRUITAGE – Luc Léger
MIXEUR – Jean-Paul Vialard
COMPOSITEUR – Jean-François Mallet
STUDIO DE MUSIQUE – La Classe
MUSICIENS – James Kalyn | Suzie Leblanc | Elinor Frey | Jean-François Mallet | Sian Elias | Xavier Richard
PRENEUR DE SON – Xavier Richard | Grégoire Jeay
LIBÉRATION DES DROITS D’ARCHIVES VISUELLES – Emma Brunet Comtois
LIBÉRATION DES DROITS MUSICAUX – Josée-Anne Tremblay
TRANSCRIPTION DES DIALOGUES – Pro Documents
SOUS-TITRES – Sette
SOUS-TITRES POUR MALENTENDANTS – Sette
VIDÉO DESCRIPTION – Sette
CORRECTION DES TEXTES – Lise Léger Anderson
AGENT DE MISE EN MARCHÉ – François Jacques
ÉQUIPE DISTRIBUTION, COMMUNICATION, MARKETING – Nathalie Bourdon | Mary Graziano | Louis-Charles Mignot | Christine Noël | Élise Labbé | Éric Seguin | Diane Hétu | Émilie Nguyen | Magalie Boutin | Émilie Ryan
ASSURANCES – Front Row Insurance
AVOCAT – Lussier et Khouzam | Peter Kallianiotis
COMPTABLE – EPR Robichaud
DIRECTEUR RÉGIONAL – Colette Francoeur
PREMIER CHEF, DÉVELOPPEMENT DE CONTENU ET PRODUCTION – Martine Bolduc

Ça Tourne Productions

La société Ça Tourne Productions a été cofondée en 1996 par la scénariste et réalisatrice Renée Blanchar. Son siège social est situé à Caraquet, au Nouveau-Brunswick, dans la Péninsule acadienne. En 2015, la productrice Maryse Chapdelaine a rejoint Renée Blanchar à la barre de la compagnie.

Renée Blanchar et Maryse Chapdelaine s’intéressent au cinéma, à la télévision et aux divers médias numériques. Elles privilégient la démarche d’auteur, tant en fiction qu’en documentaire, cherchant à bâtir une œuvre engagée, à la fois audacieuse et divertissante, qui se distingue par sa manière d’aborder les sujets et de les mettre en images.

L’ONF en bref

L’Office national du film du Canada (ONF), le producteur et distributeur public canadien d’œuvres audiovisuelles primées, collabore avec des créateurs et créatrices de talent à l’échelle du pays pour proposer des documentaires, des animations d’auteur, des récits interactifs et des expériences participatives. Il prend des mesures concrètes pour combattre le racisme systémique et devenir une organisation plus ouverte et diversifiée. Il s’emploie en outre à affermir la production autochtone et à promouvoir l’équité des genres dans les secteurs du cinéma et des médias numériques. Les productions de l’ONF ont remporté au-delà de 7000 prix, dont 12 Oscars. Pour accéder à ces œuvres uniques, visitez ONF.ca.