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20 mars 2020

Dialogue à l’heure d’une crise mondiale

Les êtres humains sont naturellement « dialogiques », ils s’attendent instinctivement à ce qu’on leur adresse la parole. Là se joue leur liberté de poser des questions et de réagir. En fin de compte, leur questionnement et leur recherche les amènent à trouver Dieu, la source de leur liberté, qui a choisi le premier d’entrer en dialogue avec eux. Leur acte de foi est leur réponse à la parole révélatrice de Dieu, qui leur a été adressée au fil d’une histoire sacrée jusqu’à son dévoilement en plénitude dans l’incarnation du Verbe fait chair. Par la naissance du Verbe incarné, sa vie, sa mort et sa résurrection, Dieu entre intimement en dialogue avec l’humanité et nous invite à obéir à sa parole, à l’écouter et à nous y abandonner entièrement; Dieu conclut avec nous une alliance de communion pour faire un, dans ce dialogue, avec nous et avec toutes les réalités créées.

Vatican II et le pape François

Depuis Vatican II, l’Église prend de plus en plus conscience de l’importance du dialogue; il y va de sa mission distinctive, car le Concile a promulgué qu’« il appartient à l’Église d’engager le dialogue avec la société humaine au sein de laquelle elle vit » (Vatican II, Christus Dominus, n° 13). Un des grands promoteurs de ce dialogue aura été le théologien canadien Gregory Baum1. Mais aujourd’hui, on ne peut que remarquer la place éminente qu’occupe le dialogue dans les écrits du pape François. Dans Laudato Si’, il consacre au dialogue tout un chapitre, le cinquième. Et dans son exhortation apostolique Christus vivit adressée aux jeunes et à tout le peuple de Dieu, le pape entre directement en dialogue avec les jeunes pour les exhorter à faire de même entre eux. Et n’oubliez pas, leur dit-il :

« L’avenir est entre vos mains !… Et surtout, d’une façon ou d’une autre, luttez pour le bien commun, mettez-vous au service des pauvres, soyez les protagonistes de la révolution de la charité et du service, capables de résister aux pathologies du consumérisme et d’un individualisme superficiel (Christus vivit, n° 174). »

L’impératif du dialogue intergénérationnel

Tout en appelant les jeunes à entrer en dialogue avec leurs pairs, le pape François parle aussi de relations intergénérationnelles et de l’enracinement que procure la mémoire collective en stabilisant la société. Voici ce qu’il dit aux aînés :

Ceux d’entre nous qui ne sont plus jeunes ont besoin d’occasions pour rester proches de leur voix et de leur enthousiasme… Il faut créer plus d’espaces où résonne la voix des jeunes (Christus vivit, n° 38).

En 2019, la voix d’une Suédoise de seize ans, Greta Thunberg, et son message sur les changements climatiques ont été entendus aux Nations Unies. Et ils ont retenti partout à travers le monde. À son appel, d’autres jeunes ont entrepris d’interpeller les gouvernements locaux et les États pour qu’ils agissent résolument contre les changements climatiques. Attentifs aux signes des temps, les jeunes voient souvent les choses d’un autre œil, et ils ont souvent des perspectives uniques, stimulés qu’ils sont par le numérique et la technologie. Dans son décret sur l’apostolat des laïcs, Vatican II reconnaît aux jeunes « une force de grande importance » (Vat. II, Apostolicam actuositatem, n° 12). Aujourd’hui, il est impératif que toutes et tous tant que nous sommes, jeunes et vieux, moins jeunes et moins vieux, nous entendions le cri d’alarme lancé par les scientifiques et que nous prenions au sérieux la crise mondiale du climat. La situation exige la sagesse et l’action de l’humanité tout entière, un effort de communication en paroles et en actes, si nous voulons survivre sur une planète habitable et administrer la Terre en cocréateurs responsables avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint.

1 Gregory Baum, « Vatican II…The Church in Dialogue », dans Scarboro Missions, vol. 93, no 1, janvier-février 2012, p. 6-7.

Margaret Patricia Brady, OSB

Ce texte est extrait du webzine ad vitam de l’hiver 2020 « Une communion qui engendre la mission ».