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16 janvier 2014

Déclaration au nom des congrégations religieuses féminines impliquées dans les pensionnats indiens du canada

Les congrégations religieuses féminines catholiques canadiennes ont fourni des centaines de leurs membres pour enseigner et s’occuper des enfants des Premières nations, Métis et Inuits dans les pensionnats indiens du Canada.

Nous étions motivées par un désir sincère de favoriser l’éducation, la santé et la formation chrétienne des peuples autochtones de manière à ce qu’ils puissent occuper la place qui leur revient  dans une société canadienne en pleine évolution. Nous voulions qu’ils atteignent leur plénitude personnelle, qu’ils soient fiers d’eux-mêmes et de leurs talents et qu’ils puissent vivre avec un sentiment de dignité innée.

Cependant, pour de nombreux élèves, cette expérience est loin d’être celle qu’ils ont vécue. Comment nos bonnes intentions ont-elles pu avoir des conséquences aussi tragiques !

Nous étions des produits de l’époque dans laquelle nous vivions, avec les méthodes d’enseignement, les incompréhensions culturelles, les attitudes sociales et la théologie de cette époque.

Nous savons maintenant que le système de pensionnat lui-même, initié par le gouvernement fédéral et auquel nous avons participé, était raciste et discriminatoire. Il a engendré une forme d’oppression culturelle et de honte personnelle qui a eu un effet durable non seulement sur ceux qui ont fréquenté ces écoles, mais aussi sur les générations suivantes. Nous sommes très attristées d’avoir contribué à cette tragédie, c’est un chagrin qui reste dans nos cœurs.

Nous savons aussi maintenant que de nombreux enfants dont nous avions la charge ont subi des abus et des mauvais traitements indescriptibles. Certaines sœurs ont été accusées d’abus réels ; beaucoup d’autres ont été accusées de ne pas avoir protégé ceux dont elles avaient la charge. Nous sommes profondément affligées par toutes ces révélations. Les bonnes intentions et l’amour sincère de beaucoup de nos sœurs pour les enfants dont elles avaient la charge n’étaient pas suffisants et, en fait, n’étaient souvent pas vécus comme tels.

En même temps, beaucoup de nos membres ont noué des amitiés durables avec les enfants dont elles avaient la charge ; nous avons été enrichies par ces relations et nous leur en sommes reconnaissantes.

En travaillant sur la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, nos priorités étaient que la souffrance soit reconnue, que justice soit rendue par une compensation adéquate et qu’il y ait un moyen pour nous, religieuses, de contribuer et d’entrer dans un processus de guérison et de réconciliation avec vous.

Au cours des 150 dernières années, notre engagement dans les écoles n’a pas été notre seul ministère auprès des Premières Nations. Nous avons servi comme agentes de pastoral, enseignantes, infirmières, travailleuses sociales et conseillères dans les réserves, dans d’autres communautés des Premières Nations et dans les prisons, en soutenant ceux qui exercent divers types de leadership et en participant aux événements communautaires. Bien que nous soyons peu nombreuses aujourd’hui, dans la mesure de nos possibilités et à votre invitation, nous nous engageons à continuer à vivre et à servir parmi vous.

Sur le plan institutionnel, nous nous engageons à utiliser l’influence dont nous disposons pour continuer à soutenir vos efforts en vue de réaliser la justice au Canada, y compris le logement adéquat, l’éducation, les soins de santé, les programmes sociaux et les droits fonciers. Nous nous engageons également à redoubler  nos efforts pour favoriser la sensibilisation et la compréhension entre les Canadiens autochtones et non autochtones et pour diminuer les attitudes persistantes de racisme et de supériorité.

Chacun de nos engagements avec vous a donné lieu à des amitiés profondes et durables entre nos Sœurs et de nombreux membres des Premières Nations. Nous chérissons ces amitiés et nous voulons les approfondir dans les années à venir.

Présentée à l’occasion de la délégation des Premières Nations / l’Église catholique à Rome et de la rencontre historique avec Sa Sainteté le pape Benoît XVI Rome, le 30 avril 2009, par Marie Zarowny, s.s.a.

gèrement adaptée pour être présentée à l’événement national « Vérité et réconciliation » à Vancouver, le 21 septembre 2013.

Soeur Denece Billesberger,SEJ
Sœur Donna Geernaert, SC
Sœur Marie Zarowny, SSA