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27 août 2021

Séisme à Haïti : rapport de la visite et perspectives de la CHR

 

Faites tout ce qu’il dira, c’est l’heure

Jean 2, 5

Les 19 et 20 août dernier, sœur Solange Louiné, SCSL, et père Gilbert Peltrop, C.Ss.R, secrétaire de la Conférence Haïtienne des Religieux/ses (CHR), se sont rendus dans le sud d’Haïti en vue de visiter quelques sites qui ont été touchés par le fort séisme de magnitude 7,2 survenu le 14 août 2021. Sœur Solange fait partie de la Congrégation des Sœurs de la Charité de Saint-Louis dont le généralat est situé à Montréal au Québec. Nous sommes heureux de vous partager ci-dessous le rapport de cette visite.

 

  1. Situation générale

Sans reprendre les constats qui ont été déjà rapportés, nous voulons souligner que le Grand Sud a connu une journée de terreur avec le tremblement de terre du 14 août. La population a été surprise et certaines structures (maisons privées et autres, églises, établissements scolaires) n’ont pu résister aux secousses. Par contre, les zones situées en hauteur les plus touchées et meurtries par ce séisme.

La situation de vie de nos populations, particulièrement de nos paysans, était déjà précaire. Et, aujourd’hui en voyant les conditions dans lesquelles ils vivent nous donne le vertige. C’est un Grand Sud dévasté, mais il faut aller au-delà des apparences des villes qui sont aussi touchées pour mieux comprendre l’ampleur des dégâts. En réalité, cinq jours après le séisme, la vie reprend assez bien dans la ville des Cayes et dans d’autres villes.

Néanmoins, sur la route du Sud, sept jours après, nous constatons que des camps de fortune y sont installés. C’est un tableau inquiétant ! Car ce n’est pas que les gens n’aient pas d’espace à l’intérieur pour la plupart, peut-être qu’ils veulent attirer l’attention sur leur sort, ou ne veulent pas être oubliés et abandonnés sans rien à avoir sous les dents.

  1. Les consacrés-es

Il n’y a pas eu de perte en vies humaines parmi les consacrés-es, mais il y en a qui ont eu des chocs et ont été sous les décombres. Fort heureusement, ils ont eu la vie sauve. Il est à signaler que deux employés de Mazenod ont trouvé la mort.

Cependant, plusieurs de nos infrastructures scolaires et de formations diverses sont détruites, dont le mythique établissement de Mazenod des Oblats de Marie Immaculée ; d’autres sont sévèrement endommagées ; et, certaines ont des dommages légers qui nécessiteront forcément des interventions avant la mise en service. Plusieurs responsables ont déjà pris l’initiative d’engager des experts pour des évaluations afin de mieux discerner avant d’agir pour faciliter la rentrée scolaire qui s’amène à grands pas, soit le 6 septembre prochain.

  1. Constats

Les gens avaient déjà faim, nous le savons. Car quotidiennement des gens viennent à nos portes pour quémander de quoi subsister. Il est dit que 4 millions d’haïtiens vivent sous le seuil de la pauvreté. Aujourd’hui la situation s’aggrave. On se bat pour un morceau de pain.

  • Distribution de l’aide

On a tendance à réduire le Département du Sud à la ville des Cayes ou aux villes. Il faut avoir de la vigueur pour arriver à s’arracher un kit parfois et les mêmes personnes arrivent à se procurer de plusieurs kits alors que cette pauvre femme qui ne peut se battre n’a rien malgré sa grande nécessité et sa proximité avec le centre de distribution.

Les sections communales dévastées à plus de 80 % ne sont pas encore vraiment touchées par les aides. Ces familles souffrent énormément : pas de maisons, pas de tentes et quasiment chaque jour il pleut. Imaginons seulement la précarité dans laquelle nos concitoyens, cette catégorie qui a été toujours oubliée, vivent. En effet, c’est à l’état naturel dans une forêt nue !

  • Quid des leaders locaux ?

Les responsables des habitations (Bitasyon yo) devraient être au premier plan si on voulait aider ceux et celles qui sont touchés-es. Ils se connaissent, et la distribution pourrait se faire par famille dans le respect sans cette course effrénée à la médiatisation de tout ce qu’on fait. Dans cette situation, la population a besoin d’accompagnement, de compréhension et non d’une action comme un feu de paille.

  1. Devant cette situation troublante : quel apport possible des consacrés-es ?

Les lieux et sites que nous avons visités représentent un échantillon qualitatif et nous permettent de saisir ce que cela pourrait être sur l’étendue du Grand-Sud. Que pouvons-nous faire ?

  • Nous mobiliser en tant que corps au-delà des actions particulières et individuelles ;
  • Collecter des matériels (draps, vêtements, ustensiles de cuisine, serviettes…), nourriture, kits sanitaires… ;
  • Constituer un fond en vue d’aider quelques parents à assurer les dépenses de l’année scolaire (livres, fournitures classiques, uniformes, souliers, scolarité) ;
  • Choisir ensemble un ou deux lieux d’intervention.
  • Apporter l’espérance aux victimes dans les milieux touchés par le séisme. Oui, comme consacrés-es, nous souhaitons accompagner les victimes tant du point de vue spirituel que matériel. Nous avons la noble mission d’apporter Jésus, source d’espérance, dans les milieux les plus difficiles, notamment dans les camps de fortune. Nous sommes appelés à accompagner dans le respect et la dignité.

La présence d’une délégation de consacré-e-s pour une visite d’espérance chez les victimes. Après les visites effectuées, il est souhaitable que nous donnions priorité à Marceline, une section de la Commune de Camp-Perrin.

Pour y arriver, nous souhaitons passer par les curés de paroisse qui ont une bonne connaissance de leur territoire et ils sauront avec les directeurs de chapelle et les leaders locaux comment permettre à tous de profiter de nos actions.

P.S : La collecte est lancée, nous vous prions de nous contacter via un appel téléphonique ou un message WhatsApp. Déjà merci, pour votre franche collaboration.

Vénérés-es frères et sœurs, mes bien-aimés-es, ayons une pensée bien spéciale pour le Grand sud, mais spécialement pour ceux et celles qui sont endeuillés, pour les sans-abris… Que Marie, notre Mère du Perpétuel Secours, intercède pour Haïti et console les cœurs blessés !

Avec respect et amour,

 

Gilbert Peltrop, C.Ss.R
Secrétaire Général
Conférence Haïtienne des Religieux/ses