Joyeuses Pâques !
En tant que coprésidents du Cercle Notre-Dame de Guadalupe, nous aimerions offrir quelques réflexions sur ce que nous pouvons faire, en cette période marquée par la COVID-19, pour être fidèles et vigilants dans nos efforts pour renouveler et promouvoir les relations entre l’Église catholique et les peuples autochtones du Canada. Il importe tout particulièrement de nous encourager mutuellement et de prier pour une effusion de compassion et de bienveillance afin que cette période d’isolement physique rendue nécessaire par la pandémie puisse aussi être un temps de cohésion sociale et de solidarité. Puissions-nous rester ouverts aux nombreuses manières dont le Ressuscité marche avec nous, Lui qui renouvelle toutes choses et les met au profit du bien.
Nous tenons à ajouter nos voix à celles qui ont exprimé leur reconnaissance pour les nombreux actes d’amour qui sont des manifestations de sollicitude et de compassion. Nous élevons nos mains et nos cœurs pour remercier les leaders autochtones, les professionnels des soins de santé et les préposés aux soins communautaires qui continuent de prendre soin des malades, des personnes âgées et des membres vulnérables de la communauté. En tant que leaders religieux, nous tenons à remercier tout spécialement les chefs spirituels, les gardiens du savoir, les ministres et les guérisseurs des nombreuses traditions différentes qui ont travaillé ensemble pour aider les personnes et les communautés à conserver leur santé mentale, physique et spirituelle. Que Notre Créateur mène à bien leur travail courageux.
Cette période d’isolement, ironiquement, est une période qui a sensibilisé beaucoup d’entre nous à notre humanité commune et nous a appelés à une unité et à une solidarité plus grandes. Toutefois, la crise de la COVID-19 a également fait la lumière sur ces parts d’obscurité qui ont trop longtemps été tolérés et acceptés. Elle a fait ressortir la vulnérabilité oppressive de nombreuses communautés autochtones : les communautés qui souffrent de logements insuffisants et surpeuplés; celles qui n’ont pas d’eau potable; des services de santé et des services communautaires sous-financés et insuffisants ainsi que des infrastructures peu fiables, plus à risque et qui accroissent les craintes des communautés. Alors qu’à certains endroits du Canada on peut sentir la menace s’éloigner, il n’en va pas de même chez ceux et celles qui ont souvent été abandonnés. Comme l’écrit Paulo Coelho dans Manuel du guerrier de la lumière : [traduction] « Ceux qui considèrent la misère des autres avec indifférence sont les plus misérables de tous. » Ce sont des jours qui exigent un engagement plus profond et une résolution plus ferme.
En tant que coprésidents du Cercle Notre-Dame de Guadalupe, nous encourageons les gens pendant cette crise à être particulièrement soucieux de la vulnérabilité des femmes et des enfants autochtones. Nous ne devons pas oublier la vérité révélée par l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées. Ceux et celles qui ont vécu sous la menace de violence éprouvent une vulnérabilité accrue pendant cette période d’isolement.
Nous préconisons une vigilance accrue en faveur des personnes qui sont en prison. L’autochtonisation de la population carcérale du Canada a été décrite avec raison comme une parodie nationale. Il est impératif que les gouvernements fédéral, provinciaux, municipaux et autochtones élaborent un plan de décarcération qui corrigera les conditions dangereuses des prisons et prendra soin de la santé et de la sécurité des détenus.
Maintenant, au début du printemps, la Terre Mère déborde de signes certains de sa propre ténacité. Chaque nouveau matin nous rappelle que comme la nuit fait place au jour, la mort fera place à une vie nouvelle. La pandémie passera. En attendant la reprise, prenons comme guide le message de Pâques du Saint-Père :
J’espère que cette période de danger nous fera abandonner le pilotage automatique, secouera nos consciences endormies et permettra une conversion humaniste et écologique pour mettre fin à l’idolâtrie de l’argent et pour placer la dignité et la vie au centre de l’existence.
Pape François, Lettre aux mouvements populaires, 12 avril 2020
Tandis que des visions contraires de la reprise se manifestent déjà, le Cercle Notre-Dame de Guadalupe, comme le dit le pape François, est appelé à être vigilant et prêt à tenir compagnie aux « bâtisseurs indispensables à ce changement inéluctable », autochtones et non autochtones, de sorte que notre reprise ne soit pas un retour à la normale, qui était déjà en crise, mais la création d’une unité nouvelle et réconciliée.
Que le Seigneur élève vos cœurs pendant ce temps pascal et toujours.
Sincèrement vôtre dans le Christ ressuscité,
Rosella M. Kinoshameg
Coprésidente
Cercle Notre-Dame de Guadalupe
(Mgr) Murray Chatlain
Archevêque de Keewatin-Le Pas
Coprésident
Cercle Notre-Dame de Guadalupe
Source : Cercle Notre-Dame de Guadalupe