Une délégation œcuménique conjointe de l’Église unie du Canada (UCCan) et de Pour l’amour de la Création (FLC) assistera virtuellement à la COP 26 des Nations Unies sur les changements climatiques qui se tiendra du 31 octobre au 12 novembre 2021. La délégation de l’UCCan-FLC a l’occasion unique de suivre les négociations, d’entrer en contact avec des défenseurs nationaux et internationaux de la justice climatique, de s’entretenir avec des représentants canadiens et de partager ses expériences avec le vaste réseau pancanadien d’églises et d’organisations confessionnelles affiliées à Pour l’amour de la Création.
Huit délégués ont été sélectionnés dans tout le pays. Certains sont des employés de la justice, d’autres sont des bénévoles, et un est un prêtre ordonné. Ils partagent un engagement profond envers la justice climatique et apportent avec eux une gamme variée de connaissances, de compétences et d’expériences, y compris des perspectives indigènes et une compréhension du Sud global. Parmi eux, deux représentantes de congrégations féminines catholiques (Sabrina Chiefari et Darlene O’Leary) ont accepté de partager leur expérience durant cet événement planétaire. Voici la liste des délégués :
- Sabrina Chiefari, Sisters of St. Joseph of Toronto, Toronto, ON
- Janet Gray, Église Unie du Canada et KAIROS, Victoria, BC
- Rév. Alecia Greenfield, Église Anglicane du Canada, Vancouver, BC
- Nelson Lee, Mennonite Central Committee, Vancouver, BC
- Karri Munn-Venn, Citizens for Public Justice, Luskville, QC
- Darlene O’Leary, Sisters of St. Martha of Antigonish, Antigonish, NS
- Tony Snow, Église Unie du Canada, Calgary, AB
- Stephanie Stringer, Développent et Paix et Église Anglicane du Canada, Montréal, QC
Vous trouverez ci-dessous les faits saillants, les impressions, les histoires et les espoirs écrits par Darlene O’Leary issus des discussions virtuelles quotidiennes.
JOUR 1 | JOUR 2 | JOUR 3 |
JOUR 4 | JOUR 5 | JOUR 6 |
JOURS 7-8 | JOUR 9 | JOUR 10 |
JOUR 11 | JOUR 12 | JOUR 13 |
Jour 1 – 31 octobre 2021
Faits saillants
La cérémonie d’ouverture de la COP26 :
L’ouverture comportait le transfert de la présidence de la COP du Chili au Royaume-Uni. Un panel de représentants a salué les délégués et partagé leurs espoirs pour la conférence. Certains ont souligné le sentiment que des progrès ont été réalisés dans les engagements de réduction des émissions et d’augmentation des financements pour soutenir les pays qui ont besoin d’adaptation et d’atténuation. D’autres ont indiqué qu’ils craignaient que nous n’atteignions pas les objectifs visant à « maintenir 1,5°C » comme limite de réchauffement climatique selon l’Accord de Paris.
Panel de dialogue multiconfessionnel Talanoa de la COP26 :
Cet événement, organisé par le Comité de liaison interconfessionnel auprès de la CCNUCC (convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques), est un espace permettant aux communautés de foi de partager leurs initiatives, leurs espoirs et leurs préoccupations dans l’esprit du dialogue Talanoa. Les dialogues Talanoa sont une méthode utilisée par les peuples autochtones de Fidji pour résoudre les problèmes dans l’ouverture et l’inclusivité. Les participants à cette méthode répondent à trois questions : Où sommes-nous ? Où voulons-nous aller ? Comment y arriver ? L’événement a commencé par un panel d’ouverture et s’est poursuivi par des discussions en petits groupes, organisées par thème et selon le format du dialogue Talanoa. L’événement s’est terminé par un culte interconfessionnel.
Citations
« L’inclusion totale doit être la base sur laquelle ce processus est construit. Nous sommes tous confrontés à la même urgence climatique. Nous devons tous faire partie de la solution. »
Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la CCNUCC.
« Les autochtones des États-Unis et du Canada ont arrêté ou retardé l’équivalent d’un quart des émissions climatiques. Soutenez-nous ou laissez-nous diriger. Mettez-vous en ligne ou dégagez le chemin ! »
India Logan Riley, représentant autochtone, Te Ara Whatu, Aotearoa.
« Que Glasgow soit le début d’une nouvelle ère de résilience. »
Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la CCNUCC.
« Comme l’a dit le poète Robbie Burns, « c’est le jour, c’est l’heure ». »
Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la CCNUCC.
« Nous n’avons pas réussi à agir avec la conviction nécessaire et nous sommes à court d’excuses – faisons-le. »
Abdulla Shahid, président de l’Assemblée générale des Nations Unies.
« C’est un moment pour repenser nos priorités – ce qui compte pour nous, ce que nous voulons, ce que nous cherchons – et re-planifier notre futur, en mettant nos actes de la vie quotidienne en cohérence avec nos rêves. Le temps d’agir, et d’agir ensemble, c’est maintenant ! #COP26 »
Pape François – Tweet –
Histoires, Impressions, Réflexions
En ce jour d’ouverture de la COP26, j’ai été très émue d’écouter des personnes du monde entier qui se soucient si profondément de cette belle planète sacrée et de toute la Création. Les gens parlent de la terre et des mers, des oiseaux et des ours, des arbres et des plantes, comme des relations sacrées à soigner. Des voix s’élèvent du monde entier appelant à une action climatique et à une justice climatique fondées sur l’amour et l’espoir. Serons-nous la dernière génération à qui il est permis d’espérer ? Qui soutiendra la quête non seulement d’une vie abondante, mais aussi de la dignité ? Telles sont les questions qui sont soulevées. À la manière du dialogue Talanoa, nous demandons : « Où sommes-nous ? Où voulons-nous aller ? Comment y arriver ? ». Apprendrons-nous à vivre différemment ? Serons-nous guidés par les peuples autochtones et le savoir autochtone pour trouver la bonne voie pour vivre en harmonie ?
Nous prions pour que ce cri de la Terre et de tous les peuples s’empare de la COP26 et nous oriente vers un avenir qui nous permette, à nous et aux générations suivantes, de vivre d’espérance, et en harmonie avec toute la Création.
Pour suivre la COP26 en ligne visitez la chaîne YouTube de la COP26 (en anglais seulement) : https://www.youtube.com/c/UNClimateChange
Jour 2 – 1er novembre 2021
Faits saillants
Cérémonie d’ouverture : Sommet des leaders mondiaux
La cérémonie officielle d’ouverture de la COP26, à laquelle ont participé des dirigeants et des dignitaires du monde entier, comportait plusieurs contrastes. Après une invitation à reconnaître le contexte cosmique dans lequel nous vivons, une question s’est posée : « Selon cette compréhension, comment devons-nous nous comporter ? Nous devons considérer que nous-mêmes et notre monde ont une valeur inconcevable ».
Les jeunes insulaires du Pacifique ont mis au défi les dirigeants de faire preuve de volonté politique pour faire ce qu’il faut en se mettant à l’écoute du leadership des jeunes « guerriers du climat » du Pacifique. On a rappelé que les peuples autochtones sont aux premières lignes de l’urgence climatique et qu’ils doivent être au centre des décisions prises lors de la COP26.
Avec d’autres, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré que nous devions maintenir l’objectif de 1,5°C de limite du réchauffement. Il a annoncé la création d’un groupe d’experts chargé de proposer des normes et d’analyser les émissions, afin de remédier aux incohérences des paramètres de mesure des objectifs de réduction des émissions et des rapports à ce sujet.
Cela fut suivi de « L’événement des dirigeants de la COP26 – Action et solidarité : la décennie critique ». Les dirigeants mondiaux ont disposé d’un court temps pour partager leurs espoirs et leurs engagements. Le Premier ministre Justin Trudeau a annoncé un nouveau plafond pour le secteur pétrolier et gazier. Comme pour la plupart des engagements du Canada en matière de climat, la mise en œuvre et la réalisation des cibles ne correspondent pas toujours aux objectifs.
Dans une session parallèle de la Zone verte intitulée « Catalyser notre avenir net zéro : travailler avec les gens pour agir sur le changement climatique », les intervenants se sont concentrés sur l’empreinte carbone de nos modes de vie et sur la façon de motiver les changements individuels et systémiques. Le Canada est le premier pays au monde dont l’empreinte carbone est liée au mode de vie, avec une émission de 14,2 tonnes/habitant/an. Il convient toutefois de noter que les populations à revenu élevé et les consommateurs sont les plus grands émetteurs au Canada et dans le monde.
OnePlanet.org a utilisé l’exemple de Saanich, en Colombie-Britannique, dans une présentation passionnante sur les collaborations avec tous les acteurs d’une communauté : gouvernement, entreprises, écoles, églises, ONG et individus. Le partage des pratiques qui portent du fruit peut encourager d’autres communautés à les expérimenter, afin d’impliquer les gens et les leaders dans la transition écologique.
Citations
« Nous sommes nés pour être les créateurs d’un futur possible. »
Yrsa Daley-Ward, poète et conteuse
« Les sirènes sont en train de retentir. Notre planète nous dit quelque chose – et les gens du monde entier aussi. Nous devons écouter, nous devons agir et nous devons choisir avec sagesse. Choisir l’ambition. Choisir la solidarité. Choisir de sauvegarder notre avenir et de sauver l’humanité. »
Antionio Guterres, Secrétaire général des Nations unies
« 1,5°C, c’est ce dont nous avons besoin pour survivre… Pouvons-nous trouver en nous-mêmes la force de remettre Glasgow sur les rails ou devons-nous partir aujourd’hui en pensant que c’était un échec avant même de commencer ? »
Mia Mottley, Première ministre de la Barbade
Histoires, Impressions, Réflexions
Notre délégation s’est réunie aujourd’hui pour notre première « pause-café » afin de partager nos impressions de la première journée pleine de la COP26. Puisque l’expérience est virtuelle, il y a beaucoup à emmagasiner, au fil du processus, de la plateforme de diffusion et des informations reçues. L’accès difficile aux procédures est un signe inquiétant pour la participation du public dans les prises de décision.
Nous avons posé des questions au sujet de l’annonce du Premier ministre Trudeau : que signifie cet engagement, vraiment ? Est-ce que viser le zéro émission nette va nous permettre de respecter la limite de réchauffement de 1,5°C ou non ?
Nous avons interrogé la signification du consensus. Est-ce que cela inclut toutes les personnes impliquées dans un processus, dans le respect de leurs diverses approches de dialogue et d’expression ? Est-ce que le consensus nous permet de bâtir une alliance ensemble, avec la Terre et avec Dieu ?
Nous avons aussi posé des questions sur l’agitation sur le terrain à la COP26, et sur le rôle des communautés de foi dans la défense des sans-voix exclus de ce processus.
En continuant sur ce chemin de la COP26, nous verrons si et comment nos questions trouvent des réponses – ou si d’autres interrogations émergent.
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Jour 3 – 2 novembre 2021
Faits saillants
La journée a commencé par l’événement des leaders « Action relative aux forêts et utilisation des terres ». Nous y avons entendu l’engagement d’empêcher la poursuite de la déforestation au niveau mondial et de protéger le monde naturel. Tandis que des pays comme la Chine, le Brésil et les États-Unis signent la Déclaration des leaders de Glasgow sur les forêts et l’utilisation des terres, l’Amazonie continue d’être décimée jour après jour. Un nouveau rapport de Nature Canada indique que nous sous-déclarons massivement les émissions liées à la foresterie et que « l’industrie forestière continue de couper à blanc plus de 400 000 hectares de forêt boréale chaque année—soit environ cinq patinoires de hockey de la LNH par minute ». Des mesures concrètes seront-elles prises assez rapidement pour protéger ces espaces sacrés? N’est-ce pas tout à fait canadien de mesurer en patinoires de hockey?!
De nombreuses autres annonces et promesses ont été faites aujourd’hui. L’engagement mondial sur le méthane est une alliance de 90 pays qui ont défini de nouvelles mesures réglementaires pour limiter les émissions mondiales de méthane de 30 % par rapport aux niveaux de 2020, d’ici la fin de la décennie. Les pays africains se sont engagés à consacrer 6 milliards de dollars aux mesures d’adaptation aux effets du climat. Au moins 1,7 milliard de dollars seront versés directement aux peuples autochtones et aux communautés locales, dans le cadre d’un plan visant à coordonner l’introduction mondiale de technologies propres afin de faire baisser leur coût plus rapidement. Et le Premier ministre Trudeau appelle à une « taxe mondiale sur le carbone » en tant que voie de solution pour maintenir le seuil de 1,5°C.
S’il est bon de voir des engagements à grande échelle, le diable se cache bien sûr dans les détails – les objectifs, la mise en œuvre, l’ambition, le financement et la responsabilité – pour s’assurer que les choses évoluent au rythme et à l’échelle nécessaires pour faire face à la crise.
Une série d’événements parallèles ont apporté un souffle d’inspiration à la journée, notamment une importante discussion intitulée « Résoudre l’équilibre entre nature et zéro net », axée sur la protection de l’eau et des zones humides. Plus tard, le mouvement Laudato Si’ organisera « La foi en action pour la justice climatique », où des militants, des jeunes et des responsables religieux du monde entier feront entendre leur voix pour la justice.
Prenez le temps de lire, de réfléchir et de prier sur le billet de Tony Snow, membre de la délégation œcuménique à la COP26, où il s’inspire de la Toussaint. Ce texte (en anglais) est disponible sur le blog de Pour l’amour de la Création en cliquant ici.
Citations
« La solution à la crise climatique ne sera pas obtenue par plus de capitalisme vert ni plus de marchés mondiaux du carbone. La solution est un changement de civilisation, pour aller vers un modèle alternatif au capitalisme. »
Le président bolivien Luis Arce.
« Ma vérité n’aura de prise que si vous avez la grâce de l’écouter pleinement. »
Elizabeth Wathuti, jeune militante pour le climat, du Kenya.
Histoires, Impressions, Réflexions
Un sous-titre de Radio-Canada m’a frappé aujourd’hui : « Séparer la croissance des émissions de GES ». Ce titre provient du panel sur la taxe carbone où le Premier ministre Trudeau a appelé à un programme mondial. Les dirigeants des pays riches font preuve d’un optimisme presque désespéré en affirmant que la lutte contre la crise climatique ne doit pas entraver la croissance économique. Pour moi, c’est illusoire, mais pas inattendu. Notre délégation a réfléchi aujourd’hui aux hauts et aux bas du processus jusqu’à présent. Nous sommes encouragés par l’esprit d’amour pour la Terre et par les actions en faveur de la justice climatique menées dans le monde entier. Bien sûr, nous ressentons la frustration des discours creux, de l’opportunisme à peine voilé et des manœuvres qui continuent d’exclure « la base » des collectivités de la prise de décision. Mais l’esprit d’espoir et de résistance continuera à nous soulever! Cet esprit est la véritable croissance dont nous avons besoin, et il est vivant !
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Jour 4 – 3 novembre 2021
Faits saillants
L’accent de la journée a été mis sur la finance. La journée a commencé par l’annonce de Mark Carney, envoyé spécial des Nations unies pour l’action climatique et la finance, selon laquelle la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) a reçu des engagements de 130 000 milliards de dollars américains de la part des institutions financières mondiales afin de contribuer à la transformation de l’économie mondiale en énergie propre. Il s’agit certainement d’un changement important. Cependant, le GFANZ n’exige pas des signataires qu’ils mettent fin au financement des combustibles fossiles, du charbon et d’autres industries à forte intensité de carbone.
Comme nous l’avons entendu avant le début de la COP26 de la part des engagements de financement de l’effort codirigé par le Canada pour soutenir les pays ayant besoin de financement pour l’adaptation et l’atténuation, l’objectif de 100 milliards de dollars par an qui a été réaffirmé en 2015 n’a toujours pas été atteint en 2021 mais semble probable en 2022. Cependant, comme l’a fait remarquer l’intervenante Nancy Timbo, ministre du Malawi, lors de la session intitulée « Mobiliser des financements climatiques équitables, justes et sensibles à la dimension de genre », les femmes et les filles portent entre-temps le poids de la crise climatique. Elles ne peuvent pas attendre deux ou trois ans pour obtenir un financement. En outre, il faut s’assurer que ces financements n’alourdissent pas le fardeau de la dette déjà injuste des pays du Sud.
D’autres sessions ont souligné aujourd’hui l’importance d’utiliser les fonds de pension pour investir dans la durabilité. L’orateur David Hayman, lors de la session « Comment votre portefeuille pourrait sauver le monde », a noté que certaines personnes protestent contre les entreprises qui nuisent à l’environnement alors que leurs pensions investissent dans ces mêmes entreprises. Le cinéaste Richard Curtis a déclaré : « Rendre votre pension plus verte est 21 fois plus puissant que de renoncer à prendre l’avion, devenir végétarien et changer de fournisseur d’énergie réunis » !
Une initiative à surveiller du Costa Rica et du Danemark qui mettrait fin au financement de l’exploitation du pétrole et du gaz et réorienterait le soutien vers les énergies propres a le soutien de 20 pays pour détourner les fonds à partir de 2022.
Citations
« Il n’y a aucun moyen de s’adapter à l’extinction. »
Vanessa Nkate, Ouganda.
« Nous jugerons la COP26 sur le degré de solidarité des pays riches avec les personnes vulnérables… S’il n’y a pas de flux de financement convenu pour les gens maintenant, nous appellerons cette COP un échec. »
Harjeet Singh, conseiller principal au Réseau Action Climat (international).
« Nous sommes humains par la création et avec la création. »
Mark MacDonald, archevêque anglican autochtone national.
Veuillez lire, réfléchir et prier sur ce billet de blog For the Love of Creation de Janet Gray, membre de la délégation œcuménique de la COP26, « Sommes-nous aveuglés et endurcis au point de ne pas pouvoir apprécier les cris de l’humanité ? » (en anglais seulement).
Histoires, Impressions, Réflexions
Aujourd’hui, notre délégation a continué de naviguer entre les hauts et les bas de la COP26. Il y a eu des annonces à grande échelle qui semblaient prometteuses, mais qui manquaient souvent d’objectifs importants et de clarté. Il y a eu les initiatives merveilleusement inspirantes qui se déroulent sur le terrain dans le monde entier, malgré les obstacles, pour soutenir ceux qui sont déjà touchés par les impacts de la crise climatique. Le langage a été un défi de taille puisqu’il peut être compris et utilisé de différentes manières, ce qui fait qu’il est facile de se laisser prendre au cynisme ou à la frustration.
Un garçon de sept ans, fils d’un imam qui s’est exprimé lors de l’une des sessions d’aujourd’hui, a demandé aux dirigeants mondiaux de lui permettre, ainsi qu’à ses amis, de profiter des bienfaits de la nature. Il m’a remonté le moral. Nous devons trouver nos sources d’inspiration, et elles sont nombreuses. Nous devons respecter notre impatience et notre scepticisme bien fondé. Et nous devons continuer à avancer ensemble, dans l’espoir, l’amour et la solidarité.
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Jour 5 – 4 novembre 2021
Faits saillants
L’accent a aujourd’hui été mis sur l’énergie et la transition énergétique. Une déclaration matinale nous a donné un peu d’espoir lorsque nous avons appris que le Canada s’engageait à mettre fin à tout financement des combustibles fossiles d’ici 2022. Oh, attendez, seulement notre financement étranger. Curieusement, la promesse électorale de mettre fin à notre financement national des projets de combustibles fossiles d’ici 2023 n’a pas été annoncée.
Il a également été annoncé que le Canada, ainsi que plus de 40 autres pays, s’engageront à éliminer progressivement l’énergie produite par le charbon et les exportations de charbon thermique d’ici la date cible plus longue de 2030 pour certains, 2040 pour d’autres. Si le soutien à cette initiative est positif, les objectifs manquent d’urgence et d’ambition. De même, il y a eu peu de discussions et d’engagements autour d’une transition juste, garantissant que les travailleurs et les communautés des régions dépendantes des combustibles fossiles fassent partie de la transition vers une énergie propre.
Les sessions qui se sont déroulées en marge de la conférence ont apporté beaucoup plus d’énergie (littéralement). L’une d’entre elles a été menée par l’organisation canadienne Indigenous Clean Energy (ICE). La session « ’Just Climate Energy’ : Indigenous Renewable Energy Microgrids for Energy Transition » a présenté des projets énergétiques indigènes au Canada et sur l’île Tortue qui assurent la « souveraineté énergétique » des communautés indigènes. Ces projets permettent aux communautés de s’affranchir de la dépendance au diesel, en recourant à l’énergie solaire, éolienne, hydroélectrique et à d’autres sources d’énergie, tout en s’appuyant sur le consensus et la contribution de la communauté.
Selon l’ICE, les communautés autochtones du Canada dépassent de loin les municipalités dans la transition vers l’énergie propre au Canada. Cependant, la clé est la façon dont ils sont réalisés, avec des membres de la communauté qui dirigent les projets dès le début, et en les alignant sur les enseignements et les principes culturels autochtones. Ce fut une véritable source d’inspiration d’entendre ces jeunes leaders autochtones incroyables et engagés !
En même temps, les groupes autochtones d’Amazonie ont raconté des histoires de dévastation de l’environnement par des projets hydroélectriques à grande échelle qui ne présentent aucun avantage réel pour leurs communautés. Le contraste avec la communauté autochtone et le modèle consensuel est frappant !
Citations
« Les peuples autochtones représentent moins de 5 % de la population mondiale, mais protègent plus de 80 % de la biodiversité de notre planète. Ma mission est donc claire : les peuples autochtones doivent être habilités à prendre des décisions en matière de politique climatique. Nous n’atteindrons pas notre objectif de 1,5°C sans donner aux peuples autochtones les moyens d’agir. »
Mihskakwan James Harper, Nation crie de Sturgeon Lake.
« En tant qu’individus à travers le monde, nous ne pouvons pas donner notre pouvoir simplement aux négociateurs internationaux lors d’une COP. Nous ne pouvons pas donner notre pouvoir aux PDG ou aux dirigeants. En tant qu’individus, nous devons trouver notre identité, atteindre et créer nos communautés. Chaque quartier, chaque foyer devrait organiser sa propre COP ».
Chef Dana Tizya Tramm, Première nation des Gwitchin Vuntut.
Histoires, Impressions, Réflexions
En cette journée axée sur les transitions énergétiques, notre délégation se sentait un peu à court d’énergie aujourd’hui, alors que les longues journées et le traitement intense s’installent. Nous apprenons au fur et à mesure comment rester centrés et reposés. La prière fait également partie de ce temps pour nous, chaque jour étant un ancrage essentiel dans ce qui nous a amenés à participer à ce rassemblement mondial.
Alors que les dirigeants mondiaux rédigent des déclarations et des accords, souvent en diluant ce qui devrait être des plans d’action audacieux, les communautés sur le terrain travaillent déjà à un changement de système. C’est là que se trouve l’énergie !
Un aigle à tête blanche m’a tenu compagnie tout au long de la journée. Il se perche au sommet d’un grand épicéa, cherchant de la nourriture ou profitant simplement de sa belle demeure. J’aime à penser qu’il fait partie de ce rassemblement mondial, lui aussi, avec toutes les créatures. Nous les portons toutes dans nos cœurs et dans nos prières alors que notre témoignage se poursuit.
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Jour 6 – 5 novembre 2021
Faits saillants
Le sixième jour de la COP26 est consacré à l’autonomisation des jeunes et du public, et il ressort clairement des rassemblements massifs organisés à Glasgow et dans le monde entier aujourd’hui et demain que les jeunes et les personnes sur le terrain veulent moins de discours creux et plus d’actions urgentes.
L’un des messages clairs des délégués lors des événements parallèles est que les jeunes et les personnes les plus touchées par la crise climatique n’attendent pas que les dirigeants politiques et financiers leur donnent une orientation. Ils vivent le changement de système qu’ils veulent voir. Lors de la session intitulée What does meaningful youth leadership look like ?, les jeunes de la « Mock COP » ont présenté le traité élaboré par 330 délégués représentant 140 pays qui ont formé leur propre COP fictive en ligne en 2020. Le traité énonce 18 exigences politiques à l’intention des dirigeants mondiaux, notamment des mesures en faveur de la justice climatique, de l’éducation climatique et de contributions déterminées au niveau national (CDN) plus ambitieuses.
Les jeunes s’inquiètent du fait que les décisions concernant leur avenir sont prises sans eux par les dirigeants mondiaux. Cette préoccupation est également exprimée par les communautés autochtones du monde entier. Alors que des discussions ont lieu sur la mise en œuvre de l’article 6 de l’accord de Paris, qui implique des échanges internationaux de droits d’émission et des crédits carbone, les groupes autochtones mettent en garde contre l’utilisation de crédits carbone dans le cadre des CDN, s’ils n’incluent pas des protections environnementales et sociales solides et applicables. Cette préoccupation a été bien soulignée lors de la session Making the Paris Agreement work : Addressing Indigenous Peoples’ Rights in Art 6 and Climate Finance.
Lors de l’événement Faith in action : Community-led & gender inclusive adaptation for climate justice dirigé par l’Église de Suède, les panélistes ont partagé les façons dont les communautés de foi peuvent soutenir les actions d’adaptation climatique locales et inclusives de genre. Les femmes et les filles des pays du Sud portent aujourd’hui le poids des impacts climatiques et sont 14 fois plus exposées au risque de mourir lors de catastrophes naturelles.
À partir de dimanche, le Sommet des peuples pour la justice climatique permettra de faire entendre la voix des personnes les plus touchées par la crise climatique.
Citations
« Un Paris (article) 6 qui n’a pas de droits clairement exemplifiés et expliqués ne protégera pas les droits des peuples autochtones, ne sera pas ce que les peuples autochtones recherchent… nous attendons vraiment avec impatience un cadre consultatif pour établir une possibilité de gouvernance vraiment adaptée aux peuples autochtones. »
Kimaren Ole Riamit, Partenaires pour l’amélioration des moyens de subsistance des autochtones.
« Les dirigeants ne restent pas les bras croisés, ils créent activement des échappatoires et façonnent des cadres à leur avantage et pour continuer à profiter de ce système destructeur. »
Greta Thunberg, jeune militante pour le climat.
Prenez le temps de lire, de réfléchir et de prier sur les articles du blog Pour l’amour de la création des membres de la délégation Sabrina Chiefari et Karri Munn-Venn : https://fortheloveofcreation.ca/blog/.
Histoires, Impressions, Réflexions
Notre délégation a pris le temps de réfléchir aujourd’hui à notre première semaine ensemble à la COP26. L’accent étant mis aujourd’hui sur la jeunesse, nous nous sommes demandés comment soutenir les jeunes qui se débattent avec la réalité de la crise climatique. D’une certaine manière, ils s’attaquent à cette crise avec créativité et énergie et font preuve d’un tel leadership. Cependant, pour beaucoup d’entre eux, il s’agit d’un lourd fardeau à porter, qui entraîne une anxiété et une peur réelles.
Pour tous, il est important de trouver un moyen de se ressourcer. Aujourd’hui, nous nous sommes tournés vers le magnifique poème de Wendell Berry, « The Peace of Wild Things ». Nous avons partagé des histoires de famille, de foi et d’ouverture de cœur et d’esprit. Nous avons célébré un anniversaire et partagé notre reconnaissance pour ceux qui prient avec nous tout au long de ce processus.
Nous sommes tous réconfortés de savoir que nous faisons partie de ce moment plein d’esprit et de justice.
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Jours 7 et 8 – 6 et 7 novembre 2021
Faits saillants
Samedi, un rassemblement mondial pour le climat a eu lieu dans le monde entier, avec plus de 100 000 personnes dans la seule ville de Glasgow. Des autochtones ont pris la tête de la marche, notamment des membres de la nation mohawk de Kahnawake au Québec. Le message fort des personnes présentes était que les négociateurs de la COP et les dirigeants mondiaux devaient prendre des mesures réelles et urgentes. Il est certain qu’il y a beaucoup d’énergie au niveau local, mais il y a aussi beaucoup de frustration.
Le thème du samedi était la nature, ce qui pourrait être considéré comme le thème de toute la conférence, mais il comprenait des discussions sur les solutions fondées sur la nature, la conservation, les systèmes alimentaires et la biodiversité. Lors d’un événement, le ministre canadien de l’environnement, Steven Guilbeault, a annoncé que 20 % de la contribution de 5,7 milliards de dollars du Canada au financement international du climat seront consacrés au soutien de la biodiversité et des solutions fondées sur la nature. Cette annonce était la bienvenue. Cependant, comme nous l’ont appris les intervenants du Sud, les communautés locales et autochtones doivent être impliquées dans la prise de décision et la mise en œuvre.
Le dimanche a marqué le début du Sommet des peuples pour la justice climatique, une sorte de sommet alternatif qui se déroule parallèlement à la COP26 pendant trois jours. Les sessions du Sommet des Peuples ont mis en lumière le défi de la transition verte. Les communautés du sud de la planète craignent que l’extraction des ressources nécessaires à la production d’énergie propre ne soit aussi destructrice sur le plan environnemental et social que d’autres formes d’exploitation minière et d’extraction de ressources qui ont porté préjudice à leurs communautés pendant des décennies. D’autres s’inquiètent du fait que les solutions climatiques sont utilisées pour nier la réalité : les plus riches doivent consommer moins d’énergie et le monde a besoin d’une « décroissance » rapide. Tout en soutenant l’importance de la transition verte, ces groupes affirment qu’il est essentiel qu’elle se fasse dans le respect et l’écoute des communautés touchées, en particulier les autochtones et les pays du Sud.
Citations
« Les peuples autochtones et les Premières nations du Canada ne sont pas des victimes passives en matière de changement climatique, nous sommes des leaders en la matière. »
Chef régional Paul Prosper, Assemblée des Premières Nations.
« Comment est-il possible que ceux qui sont chargés de nourrir le monde aient faim ? »
Ishmael Sunga, Confédération des agriculteurs d’Afrique australe.
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Jour 9 – 8 novembre 2021
Faits saillants
Le thème de la journée est l’adaptation, les pertes et les dommages. Les discussions ont porté sur le soutien aux personnes les plus touchées par la crise climatique. Nous avons déjà entendu que l’engagement des nations riches à financer les pays les plus pauvres à hauteur de 100 milliards de dollars US par an d’ici 2020, fixé en 2009 et réaffirmé en 2015, n’a toujours pas été respecté. Le Fonds vert pour le climat, qui regroupe 194 pays, alloue actuellement 75 % des fonds à l’atténuation. Les populations du Sud appellent à une répartition plus équilibrée de ces fonds entre l’atténuation et l’adaptation, ainsi qu’à un financement immédiat des pertes et dommages déjà subis. Il est également essentiel que les fonds aillent aux communautés qui en ont besoin, de manière à les inclure dans la prise de décision et la mise en œuvre.
Alors qu’une grande partie de l’attention est portée aujourd’hui sur l’arrivée de l’ancien président américain Barak Obama, Vanessa Nakate, une jeune kényane militant pour le climat, nous rappelle la promesse faite par l’ancien président en 2009, alors qu’elle avait 13 ans, d’un financement climatique de 100 milliards de dollars US par an d’ici 2020. Les États-Unis n’ont pas encore respecté cet engagement.
La session d’aujourd’hui intitulée « désinvestissement des combustibles fossiles, justice climatique et transition juste pour tous », menée par des organisations confessionnelles, dont le Mouvement Laudato Si’, a rappelé à l’auditoire le rôle important que les communautés confessionnelles ont joué dans le désinvestissement des combustibles fossiles. En Irlande, par exemple, le travail des communautés religieuses a conduit à une politique nationale de désinvestissement. Il nous a également été rappelé que le désinvestissement seul ne suffit pas. Il doit soutenir la justice climatique et une transition juste. Le pasteur Ray Minniecon, pasteur aborigène des tribus Kabikabi et Gurang-Gurang du Queensland, en Australie, a fait remarquer que les communautés de foi doivent à la fois s’excuser pour la doctrine de la découverte et reconnaître que la crise climatique fait partie de la longue exploitation des peuples indigènes.
Citations
« Aujourd’hui, nous crions encore pour que justice soit rendue à nos amis et à nos familles qui ont perdu la vie… Nous nous battons pour un avenir qui ne soit pas criblé d’anxiété et de peur qu’un autre Haiyan puisse survenir à tout moment. Nous ne méritons pas de vivre dans la peur. Nous méritons un avenir plein d’espoir. Nous exigeons une action urgente. »
Marinel Ubaido, Philippine et survivante du super typhon Haiyan.
« …seuls la crainte et l’émerveillement inspirent l’action à long terme. Seuls la crainte et l’émerveillement inspirent la coopération, la pensée rationnelle et le sacrifice de soi pour un bien supérieur. Ce n’est pas en déclarant la guerre au réchauffement climatique que nous parviendrons à améliorer notre monde. La guerre est basée sur la peur. Elle divise, s’auto-limite et est contre-productive ». Ron Graham, ancien astronaute.
Histoires, Impressions, Réflexions
Parfois, nous nous demandons si cela fait une différence de sortir dans la rue et de rejoindre un rassemblement, de se présenter à des événements et de réclamer un changement. Il est certain que certaines personnes qui font cela depuis de nombreuses années trouvent que le changement est douloureusement lent, quand il se produit. Mais si nous ne nous montrons pas, si nous ne crions pas, ne marchons pas et ne témoignons pas, que se passera-t-il ?
Je pense à Carlos, de l’Équateur, qui se bat depuis des décennies contre l’exploitation minière dans la forêt de nuages des Andes. C’est une région fragile qui abrite de nombreuses espèces en danger. Aujourd’hui, l’essor des énergies renouvelables fait partie du problème, car la demande de cuivre menace sa maison. Il s’exprime pour que la transition verte soit aussi une transition juste. Et si Carlos et les membres de sa communauté n’étaient pas là pour protéger la forêt tropicale ?
Le fait même de faire partie d’une délégation virtuelle lors d’un événement lointain nous permet de nous connecter, d’apprendre et de soutenir l’action climatique. Cette connexion, ce pouvoir des personnes travaillant ensemble pour la justice, nous fait accéder à quelque chose de plus grand que nous. Elle nous permet d’accomplir des choses remarquables, impossibles et pleines de grâce.
C’est un impératif de notre foi que de « rendre justice » en cette période de crise. Si ce n’est pas maintenant, alors quand ? Si ce n’est pas nous, alors qui ?
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Jour 10 – 9 novembre 2021
Faits saillants
Le thème de la journée est « Genre/Science et Innovation ». Nous avons entendu tout au long de la conférence que les femmes et les filles sont les plus touchées par la crise climatique. Les femmes et les filles, en particulier celles des communautés autochtones, portent déjà de lourdes charges, et cela ne fait qu’augmenter. Elles sont plus susceptibles de mourir de la pollution et des catastrophes naturelles, et plus susceptibles de manquer de nourriture. Elles sont plus exposées à la violence et aux conflits, et 80 % d’entre elles risquent davantage d’être déplacées en raison du changement climatique. Les deux tiers des financements pour le climat sont destinés aux hommes, alors que les femmes sont souvent au centre des communautés et de l’innovation. Nous avons appris qu’à la COP26, 75 % des représentants officiels de la « zone bleue » sont des hommes, où se déroulent les négociations de haut niveau, et que 80 % des délégués de la « zone verte » sont des femmes, ce qui reflète davantage le leadership de la base et de la société civile. Les femmes sont en première ligne au niveau local mais ne sont souvent pas associées aux décisions qui les concernent.
Il existe des racines communes entre l’exploitation des femmes et des filles, des peuples indigènes et de la terre dans le « colonialisme prédateur » qui continue à vivre dans les systèmes et structures politiques, économiques, sociaux et culturels. Nous voyons certainement émerger des alternatives à ces systèmes, notamment grâce à l’innovation et aux connaissances traditionnelles autochtones. L’innovation fondée sur les connaissances traditionnelles et guidée par les peuples autochtones montre l’exemple en répondant à la crise climatique.
Cependant, les nouvelles sont aujourd’hui brutales avec la publication d’un rapport du Climate Action Tracker dont l’analyse des données des engagements à court terme de la COP26 indique que le monde n’est pas sur la bonne voie pour limiter le réchauffement à 1,5°C. En fait, dans l’état actuel des choses, ces engagements ne sont pas suffisants. En fait, en l’état actuel des choses, ces engagements conduiraient à une hausse des températures de 2,4°C d’ici la fin du siècle, ce qui entraînerait une destruction écologique catastrophique et irréversible. Une fois de plus, il est urgent que le Canada et le monde entier ne repoussent pas l’action à 2050 ou même 2030. Il faut maintenant, de toute urgence, se concentrer sur la mise en œuvre à court terme de solutions pilotées par les communautés.
Citations
« La science sera une partie absolument essentielle de la solution, à la fois la technologie mais aussi l’aspect comportemental. Nous allons devoir opérer un profond changement comportemental et culturel en ce qui concerne notre relation à la Terre, notre relation à la consommation, notre relation au transport, etc. et c’est quelque chose qui est extrêmement difficile. »
Mona Nemer, conseillère scientifique en chef du Canada
Histoires, Impressions, Réflexions
Une partie de la discussion de notre délégation aujourd’hui a porté sur la création et le partage d’espaces d’apprentissage et d’action et sur le lâcher-prise. Pendant que nous parlions, un aigle était à nouveau assis en haut de l’arbre devant ma fenêtre. Soudain, un autre aigle est arrivé et a poussé le premier aigle. Le nouvel aigle a pris la place du sommet. Le premier aigle semblait bien l’accepter. Je me suis dit qu’il s’agissait d’une façon élégante de céder le pouvoir.
Dans le Nord global, les privilégiés prennent trop de place. Nous consommons plus de tout, y compris l’énergie, la nourriture, l’eau. Et nous occupons la majeure partie de l’espace social, politique, économique et culturel. Nous essayons même de le justifier. Mais la planète et les personnes les plus touchées par la crise climatique le savent. Ils connaissent les limites, et nous vivons bien au-delà.
Ceci étant dit, 50% de la planète ne vit pas avec assez. Pas assez de nourriture, d’eau, de logement ou d’autres besoins fondamentaux et pas assez d’espace politique et social. Ce déséquilibre est à l’origine de la crise. La crise climatique est raciste. Elle est sexiste. Elle est injuste. Et ceux d’entre nous qui occupent trop d’espace doivent vivre dans un processus de lâcher prise. En tant que personnes de foi, nous pouvons certainement voir cela comme la voie vers l’épanouissement de toute vie ensemble.
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Jour 11 – 10 novembre 2021
Faits saillants
Le thème de la journée était le Transport, par contre une bonne partie de la matinée a été dédiée aux négociations entourant le brouillon de la déclaration finale, communiquée hier soir par Alok Sharma, le président de la COP26. Bien que certains éléments de la déclaration soient importants, comme l’inclusion d’un appel demandant aux pays de cesser les subsides de combustibles fossiles, la déclaration dans son ensemble ne comporte pas un réel sentiment d’urgence. Les délégués d’organisations de la société civile canadienne et d’autres travaillent pour obtenir des engagements plus substantiels, des objectifs et une perspective d’urgence. Ceci inclut l’obligation de rapporter dès 2022 et annuellement, ensuite, les révisions nationales de contributions déterminées. Il est aussi question de mettre au centre des processus les connaissances et les pratiques traditionnelles des peuples autochtones, en particulier dans la mise en œuvre, et de veiller à ce que les personnes les plus touchées (peuples autochtones, femmes et filles) aient accès à des financements sous forme de subventions. Il s’agit également de veiller à ce que la promesse de 100 milliards de dollars par an de financement international soit tenue, d’ici l’année prochaine, et que 50 % du montant soit consacré à l’adaptation pour la transition écologique, avec un fonds supplémentaire et distinct pour les pertes et dommages.
Bien entendu, la journée a également été marquée par des discussions sur le transport durable, les groupes de la société civile et les militants soulignant l’importance de financer et de garantir des transports publics propres. Si les véhicules électriques font l’objet d’une grande attention, de même que les infrastructures nécessaires, il est essentiel de souligner que les transports en commun ont un impact environnemental et social plus important. Cela inclut un meilleur accès pour les personnes à faible revenu et une réduction de l’utilisation globale des véhicules. De plus, certains pays, dont le Canada, et les fabricants d’automobiles ont soutenu un accord visant à mettre fin à la vente de véhicules fonctionnant aux combustibles fossiles d’ici 2040 ou avant. Cependant, de nombreux grands constructeurs n’ont pas signé cet accord.
Et, bien sûr, nous ne pouvons pas oublier l’importance de soutenir l’utilisation de la bicyclette pour le transport, sans doute le moyen de transport le plus durable sur roues. Il est clair que certaines communautés réussissent beaucoup mieux que d’autres à concevoir des accès et des infrastructures adaptés aux vélos, comme quoi c’est un domaine d’une importance constante. En fait, plus de 180 organisations à l’échelle mondiale, y compris au Canada, ont signé une lettre adressée aux dirigeants mondiaux présents à la COP26 pour qu’ils s’efforcent d’accroître le soutien au cyclisme.
Il convient également de noter que le Québec et plusieurs pays ont participé aujourd’hui au lancement de l’alliance Beyond Oil and Gas, une coalition dirigée par le Costa Rica et le Danemark visant à mettre fin aux nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’alliance n’a pas obtenu de soutien significatif.
Citations
« Il ne suffit pas de reconnaître qu’il y a un besoin de financement des pertes et des dommages. Il faut insister clairement sur le fait que si nous voulons garder la limite de 1,5Co à portée de main, les ressources doivent être mobilisées pour que les pays en développement et les économies émergentes aient accès aux billions de dollars qui sont nécessaires pour vraiment combler le fossé. »
Eddie Pérez, Réseau Action Climat Canada (s’adressant au journal The Guardian)
Histoires, Impressions, Réflexions
Aujourd’hui, notre délégation a réfléchi à la question « où est Dieu dans tout cela ? ».
Chacun, chacune d’entre nous a trouvé sa propre façon d’exprimer comment et où nous voyons le mouvement de l’Esprit et les espaces empreints de grâce au fil de cette conférence. Nous avons parlé des « couloirs » où nous nous bousculons pour élaborer ensemble nos analyses et nos priorités politiques. Et, bien sûr, il y a les personnes qui, à l’intérieur et à l’extérieur de l’événement, et dans le monde entier, consacrent leur vie à la lutte pour la justice climatique, pour les droits des autochtones, pour l’inclusion et l’équité.
Nous avons discuté de la manière dont ce travail de justice publique et climatique fait partie de la façon dont nous exprimons notre amour pour la Création et pour nos voisins.
Comme le dit Cornell West, « la justice est ce à quoi ressemble l’amour en public ».
C’est un bon rappel, alors que nous poursuivons ce processus de témoignage au nom de notre foi.
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Jour 12 – 11 novembre 2021
Faits saillants
Le thème de la journée est Villes, régions et environnement bâti (ou bâtiments). Comme chaque jour, il y a eu de nombreuses activités, certaines sur le thème, d’autres sur d’autres sujets.
J’ai pris de l’avance hier, car c’est aujourd’hui qu’a été lancée l’initiative « Beyond Oil and Gas » (BOGO), menée conjointement par le Costa Rica et le Danemark. L’initiative s’engage à mettre fin à la production et à l’exploration de pétrole et de gaz. D’autres pays/régions ont participé à ce lancement, à savoir l’Irlande, le Pays de Galles, l’Italie, la Suède, le Groenland, la Nouvelle-Zélande, le Québec et la Californie, et il semblerait que des discussions soient en cours avec d’autres pays. Il s’agit d’un effort pour prendre le leadership sur la transition des combustibles fossiles, qui continue d’être une hésitation à la COP26, malgré les objectifs de la conférence et les cibles fixées pour la réduction des émissions.
Les sessions d’aujourd’hui ont souligné les rôles importants des villes, des zones urbaines et des bâtiments durables en matière d’atténuation et d’adaptation. 70 % des émissions totales de gaz à effet de serre proviennent des villes. Dans la ville de Toronto, par exemple, 40 % des émissions proviennent des bâtiments en raison d’une utilisation inefficace de l’énergie (absence de rénovation énergétique), de l’utilisation de combustibles fossiles pour l’énergie et de matériaux de construction non durables. De plus, la pollution et la mauvaise conception des bâtiments ont déjà un impact sur la santé et la sécurité, en particulier sur les communautés autochtones et racialisées en milieu urbain, ainsi que sur les enfants. La crise climatique va considérablement accroître ces impacts. Il est donc essentiel que les villes commencent à prendre l’initiative en matière d’efficacité énergétique, de bâtiments durables et de conception de villes et de communautés qui intègrent la nature et l’inclusion au niveau communautaire.
Dans un autre ordre d’idées, une excellente session intitulée « Les catholiques à la COP26 » a eu lieu hier, avec un panel de spécialistes qui ont discuté de ce que la COP26 représente pour eux, de ce que certaines initiatives catholiques et d’autres initiatives religieuses ont apporté à l’événement, et du cadre théologique de ce moment. Les communautés religieuses se sont montrées très présentes à la COP26, et il est merveilleux de voir leur leadership et leur portée mondiale. Lorna Gold, du Mouvement Laudato Si’, a déclaré qu’il y avait en réalité deux COP – la COP des résultats négociés et la COP des peuples – et qu’il y avait un tel fossé entre les deux. Cependant, témoigner de l’espoir, comme l’a fait la Dre Carmody Grey, fait partie de notre foi, et l’Église doit refuser de se contenter d’une mauvaise issue à la COP26.
Citations
« Lorsque vous êtes au bord de l’abîme, il n’est pas important de discuter de ce que sera votre quatrième ou cinquième étape », a déclaré M. Guterres. « Ce qui est important, c’est de discuter de ce que sera votre premier pas. Parce que si votre premier pas est un mauvais pas, vous n’aurez pas la possibilité de faire une recherche pour en faire un deuxième ou un troisième. »
Antionio Guterres, Secrétaire général de l’ONU
Histoires, Impressions, Réflexions
« Il est difficile de croire les dirigeants du monde des affaires et des finances lorsqu’ils n’ont pas tenu leurs promesses auparavant. Nous n’y croyons tout simplement pas. Mais je suis ici et maintenant pour vous dire : prouvez-nous que nous avons tort. En fait, je suis ici pour vous supplier de nous prouver que nous avons tort. Que Dieu nous aide si vous ne nous prouvez pas que nous avons tort. Que Dieu nous aide. » Vanessa Nakate, jeune militante ougandaise. J’ai envie de méditer ces mots, même s’ils sont douloureux à encaisser.
Aujourd’hui, notre délégation a écouté la voix d’une autre jeune femme, la poétesse autochtone Tanaya Winder, qui a prononcé le poème « Stone Mother ». Elle parle des larmes qui créent un lac et des mots comme des graines à planter avec soin. « Suivez notre exemple, car nous avons toujours su survivre. » Aujourd’hui, un orateur du Nigéria a dit que vous n’avez pas besoin de beaucoup pour survivre. Pourquoi ne pouvons-nous pas faire avec moins et vivre avec la terre et les autres de manière à ce que nous ayons tous assez ?
Cet événement et ce moment sont marqués par l’espoir et la tristesse. Nous prions pour qu’ils nous portent tous deux vers l’avant alors que nous continuons à œuvrer pour la justice climatique.
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Jour 13 – 12 novembre 2021
Faits saillants
Aujourd’hui était le jour de clôture officiel de la COP26, bien que les négociations sur la déclaration de résultats ou « décision de couverture » ne soient pas encore terminées. La journée a commencé par un projet de document de résultats modifié. Le langage a été modifié dans le projet. Pour certains, cela signifie une dilution d’éléments importants, tels que la déclaration sur l’élimination progressive des subventions au charbon et aux combustibles fossiles. Si certains y ont vu un grand pas en avant, étant donné que les combustibles fossiles n’étaient pas mentionnés dans les résultats précédents, le document ajoute maintenant le terme qualificatif de suppression progressive des subventions « inefficaces ». Dans un autre cas, le mot « exhorter » a été remplacé par « demander », ce qui adoucit les attentes concernant la réalisation des objectifs en 2030.
D’autres inquiétudes sont soulevées concernant l’échange de crédits carbone et les marchés du carbone, un résultat de l’article 6 de l’Accord de Paris, qui fait partie des négociations. Une partie de la crainte est que les pays riches, qui sont les plus gros émetteurs, choisissent d’acheter des crédits carbone aux pays en développement plutôt que de réduire leurs propres émissions. Ou que les pays réclament des crédits carbone pour des projets qui ne réduisent pas réellement les émissions ou qui n’incluent pas les personnes les plus touchées, notamment les populations autochtones. L’absence de comptabilité normalisée et de transparence dans les rapports fait partie des préoccupations.
D’autres questions soulevées concernent le respect des engagements financiers de 100 milliards de dollars par an pour les pays en développement l’année prochaine, avec un pourcentage accru pour l’adaptation. Les fonds ont tendance à se concentrer sur l’atténuation, mais les pays les plus pauvres disent qu’ils ont besoin de soutien pour les impacts climatiques qu’ils subissent actuellement. En outre, les organisations de la société civile demandent la création d’un fonds distinct pour les pertes et dommages, reconnaissant ainsi que les personnes les plus touchées par la crise climatique devraient être indemnisées par celles qui en sont le plus responsables. Les droits de l’homme, la justice et l’UNDRIP devraient guider le processus.
Il est probable qu’une décision finale sur la couverture ne sera pas publiée aujourd’hui, car les négociateurs continuent à travailler sur le projet.
Cependant, les organisations de la société civile partagent ce qu’elles souhaitent voir dans les résultats finaux. Le Mouvement Laudato Si’ a publié une déclaration signée par plus de 60 organisations catholiques indiquant ce qu’elles souhaitent voir comme résultats. Il appelle à un calendrier ambitieux pour une transition juste des combustibles fossiles, incluant les droits de l’homme, les droits des autochtones, et le financement de l’adaptation, des pertes et des dommages. La déclaration du Réseau Action Climat Canada présente des demandes plus spécifiques.
Citations
« Nous devons à nos sœurs et frères les plus pauvres, aux générations futures et à toute la Création de Dieu de saisir cette opportunité historique. En 2015, le pape François a écrit dans Laudato Si’ que les énergies fossiles doivent « être progressivement remplacées sans délai. » Aujourd’hui, en 2021, nous sommes arrivés à un moment décisif. Nous devons parvenir à Glasgow à un accord qui fixe un calendrier clair et ambitieux pour une transition juste vers l’abandon des énergies fossiles nocives. La définition d’une telle voie est une étape essentielle pour accélérer les investissements dans un avenir énergétique propre pour tous. »
Lettre du Mouvement Laudato Si’
Histoires, Impressions, Réflexions
Nous avons terminé notre temps ensemble en tant que délégation aujourd’hui en écoutant le ministre de l’Environnement du Canada dans son nouveau rôle s’exprimer à un moment si important et sur une plateforme si importante. Il était très… diplomatique, équilibré, prudent. Ce sont peut-être là de bonnes qualités que doivent posséder les ministres au milieu de négociations difficiles. Cependant, l’heure n’est pas aux discussions prudentes. En écoutant les représentants des pays s’exprimer aujourd’hui, dernière chance de contribuer à la décision sur la couverture, certains ont clairement estimé qu’il fallait en faire plus, et ils ont reçu des applaudissements retentissants. D’autres ont fait de l' »obstruction polie », bloquant clairement les efforts pour plus d’ambition.
À la fin de tout cela, nous partons chacun de notre côté. Les délégués présents en personne rentrent chez eux. Notre délégation virtuelle se disperse. Que se passe-t-il ensuite ? Pour nous et pour tant d’autres personnes dans le monde, nous poursuivons notre travail pour la justice climatique. Il ressort clairement de cette COP que nous ne pouvons pas attendre que les dirigeants mondiaux prennent l’initiative. Nous devons leur montrer, et nous le faisons.
Nous quittons cette COP avec une profonde gratitude pour le temps que nous avons passé ensemble en tant que délégation. Les échanges et les réflexions ont été riches. Nous avons écouté et appris ensemble. Et nous avons fait participer nos communautés de foi à ce processus intense de témoignage. Nous avançons dans la gratitude et l’espoir, sachant que nous faisons partie d’un mouvement mondial de l’Esprit pour la justice et l’amour de la création.
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