Ne pouvant rester insensibles à la crise mondiale de la migration et à la polarisation des propos anti-immigration, les Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie (SNJM) ont dévoilé leur prise de position collective en faveur des personnes migrantes et réfugiées. Elles ont accompagné la parole au geste en sollicitant la collaboration d’organismes pour brosser le portrait de la situation sur la Rive-Sud, dans un contexte où le nombre de familles de réfugiés et de demandeurs d’asile s’est accru de façon exceptionnelle ces deux dernières années.
« Nous sommes conscientes de l’importance de nous sensibiliser et de sensibiliser toute la population à la réalité vécue sur le terrain afin de remettre les choses dans leur juste perspective », a mentionné Sr Denise Riel, animatrice provinciale des SNJM. Dans le contexte actuel, l’animatrice provinciale des SNJM pour le Québec souhaite que les citoyens de la Rive-Sud « découvrent les petits et grands succès des expériences vécues par les divers organismes tout comme les défis auxquels nous sommes tous confrontés : migrants, réfugiés et nous, en tant que société d’accueil. »
500 demandeurs d’asile sur la Rive-Sud
L’arrivée massive, l’été dernier, de personnes traversant la frontière pour obtenir la protection du Canada a nécessité la mise sur pied de plusieurs sites d’hébergement d’urgence dont celui à Boucherville, nommé Havre Providence. Avec la collaboration des équipes des mesures d’urgence du CISSS-ME, ce site a accueilli près de 500 personnes du mois d’août à la mi-septembre.
Durant cette même période, le Carrefour le Moutier a apporté son soutien à plus de 400 personnes dont 111 familles. « Nous avons principalement supporté ces personnes dans leurs démarches de logement, de ressources matérielles, de dépannage alimentaire, de demandes de permis de travail et d’inscriptions à l’école », a souligné Amalia Suarez, chargée de projet pour les demandeurs d’asile au Carrefour le Moutier qui a salué l’ouverture et la collaboration précieuse des propriétaires de Longueuil dans leur offre de logements pour ces nouveaux venus.
Parrainage d’État – Réfugiés syriens
Alors que le Canada a accueilli plus de 45 000 réfugiés syriens en 2015-16, le parrainage de l’état canadien prévoit accueillir 9000 réfugiés en 2017* (dont 1700 au Québec). Admettant que la situation était exceptionnelle l’an dernier, Nasrin Neda, intervenante à la Maison internationale de la Rive-Sud (MIRS) a insisté sur les défis importants imposés aux réfugiés. « Selon leur histoire et parcours, il est difficile pour ces personnes réfugiées de devenir autonomes et indépendantes dans un délai d’un an. Développer des compétences linguistiques et comprendre les us et coutumes de la société d’accueil ne sont pas choses faciles pour la majorité des réfugiés, syriens ou autres, peu scolarisés et dont plusieurs proviennent de régions rurales. »
Même si l’aide gouvernementale cesse au bout de 12 mois, la MIRS continue son travail d’assistance auprès de la clientèle des immigrants et réfugiés. Pour assurer cette continuité, l’organisme diversifie ses sources de financement et renforce constamment sa banque de bénévoles pour pouvoir répondre aux besoins constants. L’expérience passée a démontré qu’il faut du temps et du soutien pour permettre aux immigrants et réfugiés du programme de parrainage d’état, de se prendre en main et devenir un actif pour la société.
Parrainage privé : des familles de réfugiés autonomes
La mobilisation du public devant la crise syrienne a permis d’accueillir au Québec 4500 réfugiés sous la forme de parrainage privé, une approche unique dans le monde. Sur la Rive-Sud de Montréal, de nombreux comités de parrainage privé ont vu le jour, tant à Saint-Jean-sur-Richelieu, qu’à Saint-Lambert, Saint-Hubert et Longueuil. Les Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie (SNJM) ont contribué à la mise sur pied du comité de parrainage privé Chemins d’accueil de Longueuil qui a accueilli deux familles syriennes de 3 et 4 personnes, respectivement.
« En un an, la première famille de réfugiés syriens est devenue autonome. Le mari a trouvé un emploi alors que sa conjointe poursuit sa formation en français et ses études pour entreprendre une nouvelle carrière prochainement », mentionne Jacques Morin, coordonnateur du groupe Chemins d’accueil de Longueuil. La seconde famille, arrivée l’hiver dernier, compte sur deux jeunes adultes qui travaillent déjà tout en poursuivant le programme de francisation de niveau 3, cet automne. Selon l’intervenant, au-delà de la volonté première des réfugiés d’être indépendants rapidement, l’engagement actif des bénévoles au sein des comités et la force de leur réseau de contacts contribuent largement à la réussite des parrainages privés qui attirent les regards de plusieurs chercheurs et organismes, même européens.
Le jeune Marcel Alhanout, 18 ans, a d’ailleurs témoigné de cette aspiration à s’intégrer et à profiter de la chance offerte de se donner une nouvelle vie. Signalant les défis quotidiens auxquels tous les membres de sa famille sont confrontés, Marcel s’est dit heureux de vivre au Québec. « Le premier élément qui nous a surpris et que l’on apprécie beaucoup, c’est la liberté que l’on retrouve ici. Nous sommes très reconnaissants envers notre société d’accueil. »
Admettant ne pas savoir encore comment leur engagement en faveur des personnes migrantes et réfugiées prendrait forme dans le futur, les SNJM souhaitent « collaborer avec d’autres pour bâtir une société meilleure où l’interculturalité est possible et où chacune et chacun a le droit de vivre pleinement », a conclu Sr Denise Riel.
Quelques faits
- 22,5 millions de réfugiés dans le monde*
- 1,2 millions d’entre eux sont en danger de mort*
- Le Canada parraine 9000 réfugiés en 2017*
- Le Canada a besoin de 300 000 immigrants par année pour renouveler sa population*
- En l’espace de 5 à 10 ans, les personnes réfugiées réinstallées dans la société d’accueil deviennent des citoyens à part entière et contribuent à la société de multiples façons*
- Le Québec a accueilli 17 205 demandeurs d’asile depuis le début de l’année (5525 en 2016)**
- 500 demandeurs d’asile entre août et mi-septembre au refuge Havre-Providence à Boucherville**
À propos des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie (SNJM)
Première congrégation d’enseignantes fondée par une Canadienne, à Longueuil en 1843, les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie (SNJM) œuvrent actuellement dans cinq pays. On leur doit au Québec la création de nombreuses institutions de renom dont l’École de musique Vincent-d’Indy et le collège Durocher Saint-Lambert sans oublier leur présence importante dans la presque totalité des écoles dans les quartiers Hochelaga-Maisonneuve-Mercier. Après avoir adopté des prises de position collective sur « L’eau comme droit humain et bien public » et contre « La traite humaine », les SNJM ont reconnu l’urgent besoin de déclarer leur solidarité et donner un témoignage public en agissant en faveur des personnes migrantes et réfugiées. En plus de participer au comité Chemins d’accueil de Longueuil, la congrégation participe au comité de parrainage privé de la paroisse St. Monica dans Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal.
* Jean-Nicolas Beuze, représentant canadien du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), entrevue au journal Le Devoir, 7 juillet 2017
** Données du Gouvernement du Canada (bureau d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada)