À l’occasion de l’Assemblée plénière de l’UISG (Union internationale des supérieures générales) actuellement organisée à Rome du 9 au 13 mai, le Pape François a annoncé ce jeudi la création d’une commission pour étudier la question d’un diaconat féminin.
Comme à son habitude, le Pape a échangé avec son auditoire sous forme de questions-réponses. Un échange direct sur des points très précis qui concernent l’engagement des religieuses consacrées dans le monde et la vie de l’Eglise.
Compte tenu de leur engagement déjà fort auprès des pauvres ou des malades, ou encore dans la catéchèse, des religieuses ont posé la question de l’ouverture aux femmes à un diaconat permanent, en référence à l’Eglise primitive. Le Pape a ainsi rappelé que l’antique rôle des diaconesses n’avait jamais été vraiment clarifié, et s’est dit ouvert à la création d’une commission d’étude sur cette question.
Constituer une commission officielle pour étudier la question ? Je crois, oui. Il serait bon pour l’Église de clarifier ce point. (…) Je ferai en sorte qu’on fasse quelque chose comme ça.
Pape François
Le journal La Croix nous rappelle que ce n’est pas la première fois que le Saint-Père est invité à donner son opinion sur le sujet : « En 2006, le pape Benoît XVI évoquait « un service ministériel confié aux femmes ». Plus récemment, pendant le Synode sur la famille, à Rome, en octobre 2015, Mgr Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau et président sortant de la Conférence des évêques du Canada, avait déjà proposé que des femmes puissent accéder à un ministère diaconal. »
Pour une meilleure représentation des femmes
Le Pape est aussi revenu sur le regard féminin sur l’Église, se disant d’accord pour une plus grande représentation des femmes dans des postes de responsabilité, dans les cas où ces fonctions n’auraient pas de lien avec le sacrement de l’ordre. Le regard d’une femme peut être un enrichissement quand une décision doit être élaborée a-t-il dit.
Les consacrées ont aussi demandé la possibilité au Pape de pouvoir dire l’homélie pendant la messe. Le Saint-Père a tenu à faire la distinction entre la prédication tenue lors d’une liturgie de la Parole, qui peut être assurée sans difficulté par une femme ou un laïc, de la liturgie eucharistique, où l’homélie est intrinsèquement liée à la présidence de la célébration, propre au sacerdoce. Le Souverain Pontife a souhaité mettre en garde contre deux tentations : celle du féminisme -parce que la femme vit dans l’Église avec sa haute dignité de baptisée- et celle, tant de fois stigmatisée du cléricalisme, qui se vérifie quand les prêtres prétendent gérer seuls leurs paroisses, sans stimuler la synodalité et la collaboration.
Le Pape a souhaité par ailleurs que les femmes soient mieux représentées au sein de la congrégation pour les instituts de vie consacrées et sociétés de vie apostolique, un dicastère (ministère) dans lequel toutes ces questions sont actuellement débattues.
Le service n’est pas une servitude, a poursuivi François dans son dialogue avec les religieuses, qui a rendu hommage à la « maternité » de nombreuses religieuses dans leur service des plus marginalisés, mais dénoncé certains cas où ce service n’était réduit qu’à une activité servile à destination d’une paroisse ou d’un presbytère.
La tentation de se « momifier »
Concernant les blocages de nature canonique qui regardent la réforme des Congrégations et Instituts, le Pape s’est dit prêt à apporter des petites modifications juridiques, mais a tenu à préciser que ces modifications ne sauraient qu’être le résultat d’un discernement approfondi de la part des autorités compétentes.
La question des vœux perpétuels et de l’engagement pour la vie, qui fait peur à de nombreux jeunes, a également été soulevée par les religieuses. Le Saint-Père a évoqué Amoris Laetitia sur la préparation des fiancés au mariage, et l’exemple de Saint Vicent de Paul qui avait opté pour la voie de vœux temporaires.
Toute consacré doit avoir une vie mystique, a affirmé François, mettant en garde la tentation d’être de se « momifier » : le charisme demande de service malgré les mauvaises langues ou les calomnies, ceux qui voient en certaines religieuses des « activistes sociales ».
François a enfin achevé cet échange en rappelant aux consacrées l’importance de savoir se reposer, et de ne jamais négliger l’échange avec les sœurs plus âgées ou malades, ce sont elles la mémoire des instituts et congrégations, avec leur expérience et leur sagesse a-t-il conclu.
Source : Radio Vatican