Né en Bretagne (France), le 4 mars 1876, dans une famille d’artisans pauvres et très pieux, Victor reçoit la foi surtout de sa mère. À dix ans il fait sa première communion et il entend une voix qui lui dit : « Viens et suis-moi ». La pauvreté du foyer excluant toute possibilité d’études scolaires, ses parents lui trouvent un emploi d’apprenti imprimeur qu’il occupera sept années durant. À 17 ans Victor, poussé par le nouveau vicaire de sa paroisse qui remarque sa piété, fait un pèlerinage avec sa mère et rencontre le Père Lemius, recteur de la basilique de Montmartre, qui l’encourage dans sa vocation. Un bienfaiteur lui permet de rattraper son retard scolaire suffisamment pour entrer au noviciat des Oblats en 1896.
Peu brillant dans ses études, gauche, distrait, victime désignée de toutes les farces de ses confrères, il se juge indigne du sacerdoce. Finalement, il est ordonné le 24 juin 1902, fête de saint Jean-Baptiste, et prononce ses vœux perpétuels le 26 juillet suivant, en la fête de sainte Anne. Quelques jours plus tard, il rejoint à Angers l’équipe de prédicateurs de retraites paroissiales du Père Grelaud. C’est à lui que le Père Lelièvre doit d’avoir vaincu sa timidité.
Lorsqu’en 1903 les lois anticléricales obligent les oblats à quitter la France, il est envoyé au Canada, dans la paroisse Saint-Sauveur dans la basse ville de Québec. C’est une grosse paroisse de plus de 13 000 âmes, essentiellement les ouvriers des manufactures de chaussures. À peine arrivé, il se met à prêcher l’Évangile à temps et à contretemps. Sa foi profonde lui permet chaque année de rassembler des foules immenses et de « faire marcher la ville de Québec » pour la fête du Sacré-Coeur. Et tous les premiers vendredis du mois, durant vingt-cinq ans, cet apôtre du Sacré-Coeur réussit l’exploit remarquable de réunir pour une heure d’adoration près de deux mille ouvriers en salopette ou bleu de travail.
En 1923, il fonde la maison de retraites fermées Jésus-Ouvrier où il rencontre jusqu’à sa mort des milliers d’hommes et de jeunes gens, dont il fait un bon nombre d’apôtres véritables : plus de 200 – prêtres, religieux et religieuses – doivent à lui leur vocation. Il meurt le 29 novembre 1956.
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