Rosalie est née à Lavaltrie (Bas-Canada), le 27 janvier 1794. Pour les premières 50 années, elle a une vie à peu près conforme à celle des femmes de son temps. Le 7 octobre 1811, à l’âge de 17 ans, Rosalie épouse Jean-Marie Jetté avec qui elle a 11 enfants. En 1832 elle devient veuve.
Après 13 ans de veuvage, dégagée de ses responsabilités familiales, Rosalie donne à sa vie une orientation qui marquera l’histoire sociale et religieuse de Montréal. Depuis cinq ans, elle s’occupe de quelques mères célibataires à l’ombre de son foyer, avec une largeur de vue peu commune pour l’époque. De son côté, Mgr Ignace Bourget est persuadé qu’il faut, dans une ville comme Montréal en pleine urbanisation, venir en aide aux mères célibataires que les familles rejettent et pour lesquelles la société a du mépris. Il demande alors à la veuve Jetté de poursuivre son œuvre de charité envers les mères célibataires en fondant une nouvelle communauté. Malgré l’opposition de ses enfants, Rosalie s’installe le 1er mai 1845, avec une pénitente, au faubourg Saint-Laurent, rue Saint-Simon, dans une petite maison donnée pour l’œuvre nouvelle par un riche citoyen de Montréal et bienfaiteur régulier des œuvres de Mgr Bourget.
Le 16 janvier 1848, Rosalie et ses collaboratrices font leur profession religieuse. Devenue sœur de la Nativité, elle refuse tout poste d’autorité, se jugeant incapable de bien gouverner l’œuvre pendant la période de développement qui s’annonce. Dans l’ombre, elle participe à tout le ministère de l’institut : accueil des pénitentes, soin des enfants nouveau-nés à « la maternité », soin des malades à domicile, visite des prisons. En 1851 elles aménagent définitivement la communauté dans la maison mère de la rue Campeau. Dans les années qui suivent, Rosalie voit avec bonheur les gens revenir de leur aversion pour les mères célibataires et reconnaître de plus en plus l’utilité de sa communauté.
Enfin, en 1859, elle accueille – comme le complément inespéré de son œuvre – la fondation de l’ordre secondaire des Madeleines dont les sœurs, recrutées parmi les pénitentes, sont admises aux vœux de religion et vivent au sein de la communauté, avec des règles particulières qui les vouent à la contemplation. Après cinq ans de maladie et d’isolement, Rosalie s’éteint le 5 avril 1864.